AVERROÈS



Création le 29 mars 2020

Le deuxième âge d’or de la civilisation musulmane s’épanouit à l’ouest du Bassin méditerranéen, en Andalousie, conquise par les Arabes depuis le VIIIème siècle. Le représentant le plus célèbre de cette civilisation est certainement Ibn Rush (1126-1198), dit Averroès par les chrétiens d’Occident.

La gloire de ce grand intellectuel, juriste, médecin, homme politique, tient avant tout à son œuvre philosophique. Il s’est voulu disciple d’Aristote, mais il a développé une véritable science cognitive. Son étude de l’intellect humain le conduisit à prendre ses distances vis-à-vis de toute intervention divine dans l’acte de penser. Cette attitude fut jugée « impie et matérialiste », aussi bien par les religieux intégristes musulmans, que par les religieux absolutistes chrétiens. Ses livres furent brûlés à Cordoue, à Marrakech et à Paris …

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Voici la deuxième partie du livre de Paul Mazilak consacré à des figures éminentes de ces deux âges d’or de l’Islam. La première partie est consacrée à Avicenne :


https://caucasekersco.blogspot.com/2020/03/avicenne.html

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Palais fortifié de Cordoue (Alcazar)

La famille des Bani Rushd est connue depuis l’arrière grand-père d’Averroès. Les nouveaux conquérants berbères de l’Andalousie s’efforcèrent de restaurer un État musulman fort et refirent de Cordoue la capitale d’Al Andalous.

Le grand-père fut nommé "cadi (juge) de la communauté d'A Andalus" par le sultan almoravide. Son père fut aussi nommé cadi, mais pendant peu de temps, car le peuple de Cordoue se révolta et renversa le gouverneur et son cadi  suprême. 
 


Finalement, les nouveaux conquérants almohades débarquèrent en Espagne au cours de l'été 1147.

(Dynastie berbère issue d’un groupe religieux formé au début du XIIe siècle, les Almohades renversent les Almoravides et leur succèdent à la tête d’un grand empire comprenant l’Afrique du Nord et l’Espagne musulmane. Leur nom arabe, al-muhawwidûn, fait référence à l’unité divine (tawhîd) qu’ils proclament, concept religieux objet de controverses importantes dans l’islam médiéval.)

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C'est dans ce contexte de troubles que nait Ibn Rushd, connu sous le nom d'Averroès. Dans sa famille de grands juristes, on lui donne une triple formation intellectuelle : religieuse, juridique et médicale. En théologie, il étudie la doctrine (kalam) "du juste milieu" : "il y a des hommes attachés à l'erreur ; il faut les attirer à la vérité avec douceur, et les orienter vers les croyances vraies, non par l'exposé d'argumentations et de doctrines intolérantes" (Al Ghazali, philosophe persan - son ouvrage avait été brûlé devant la grande mosquée de Cordoue en 1109).

En médecine, Averroès prit pour modèle un savant, médecin renommé qui connaissait parfaitement l'œuvre d'Aristote. Il était connu pour de nombreuses guérisons. D'autres médecins célèbres contribuèrent à la formation médicale d'Averroès.

Platon et Aristote
À 27 ans, Averroès est chargé d'organiser plusieurs collèges d'enseignement à Marrakech. On raconte qu'il contemplait, chaque nuit, une étoile qu'on ne pouvait pas voir d'Espagne. Le calife interrogea Averroès sur le ciel : était-ce une substance existant de toute éternité, ou a-t-il eu un commencement comme le prétendait Platon ? Aristote avait pris position pour l'éternité, mais cela allait à l'encontre du dogme coranique de la Création. La question était dangereuse et troubla Averroès.

L'œuvre juridique :

 De retour en Andalousie, Averroès s'est marié et a eu deux enfants. Il est conseiller et médecin. Il connaît une grande notoriété. Il écrit le "Grand traité des Généralités sur la médecine". C'est le médecin qui soigne, mais c'est Dieu qui guérit.

L'action politique :
 
La Giralda de Séville

 En 1163, le calife de Cordoue meurt, le calife de Séville lui succède et entreprend dans sa ville de grands travaux de rénovation. Il lance Averroès dans le grand travail philosophique des "Commentaires d'Aristote", et dans la rédaction d'un grand traité de droit : la "Bidayat", en tant que cadi de la capitale. Il voyage beaucoup et fait plusieurs séjours à Marrakech.

Le nouveau sultan Al Mansûr livre de nombreuses batailles contre les chrétiens qui entreprennent la "Reconquista". Mais il cède aussi aux ennemis d'Averroès qui le font envoyer à Lucéna, à une centaine de kilomètres de Cordoue. Il y reste un an et demi et est gracié par Al Mansûr, qui le fait venir à Marrakech. Il y meurt : on vit charger son cadavre sur un âne, dans le côté d'un bât, l'autre côté étant équilibré par l'ensemble de ses livres ...

Le sultan Al-Mansûr meurt en 1199. Cette date marque le début de la lente décadence de la civilisation islamique d'Occident.

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En 1161, Averroès écrit le livre des Généralités sur la médecine, alors qu'il n'a que 35 ans, œuvre qu'il achève en 1166 avec son encyclopédie médicale portant le titre de Colliget, traduction en latin de son nom original Kitab al-kulliyat fil-tibb « Livre de médecine universelle ».

Ce médecin philosophe s'est voulu rationaliste dans tous les domaines de l'activité intellectuelle, même si il a dû subir de violentes oppositions. À quand un troisième âge d'or de l'Islam ?

Averroès au Musée du Vatican