HISTOIRE DU PEUPLE ARMÉNIEN 2




Cet article est la suite de :



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11 - RENAISSANCE ARMÉNIENNE ET MOUVEMENT DE LIBÉRATION

On peut discerner deux facteurs principaux dans le renouveau amorcé au XVIIème siècle: la réactivation ou la création de centres culturels, ainsi que l'essor donné à l'imprimerie.


La passion des Arméniens pour le livre étonne un voyageur anglais : "Les Arméniens entourent la presse de la même affection et du même respect enfantin qu'un poignard ou un fusil !"

En politique, la Russie s'intéresse au contrôle du Caucase. Les Ottomans sont décidés à s'y opposer car ils souhaitent reprendre le contrôle de l'Arménie : ils signent un pacte de non-agression avec les Russes et se tournent vers les Arméniens en les obligeant à se réfugier dans la guerilla.


En matière culturelle, l'intense activité théâtrale se veut un moyen d'éducation et d'instruction. Que ce soit à Venise, à Constantinople, aux Indes ...

12 - L’ARMÉNIE ET L’ÉVEIL DES NATIONALITÉS (1800-1914)


Les centres d'impulsions politiques se situent dans la Diaspora, là où s'accomplit la lente modernisation de la société arménienne, tandis que l'Arménie est de plus en plus sévèrement soumise aux impératifs de la géopolitique.

Au début du XIXème siècle, environ 3 millions d'Arméniens ont en commun une religion, une écriture et une langue, mais sont inégalement partagés en une vingtaine de colonies dont principalement l'Empire ottoman. Partout ils sont minoritaires. Autant la classe aisée est influante, mais sans garantie réelle, autant la paysannerie, soit 90%, est une masse silencieuse et mal connue.

L'Église est le ciment des communautés arméniennes. La Russie devient le pole préférentiel. L'artisanat est en expansion. Les marchands arméniens réalisent d'immenses fortunes. Au plan politique, la secte des Mourides a pour objet la guerre sainte contre les envahisseurs infidèles. L'élection de l'imam Chamyl donne au mouridisme religieux un chef religieux qui se révèle être un véritable génie militaire. Les Russes obtiennent sa reddition en 1859.

Au milieu du siècle, Yérévan devient la capitale administrative. La renaissance arménienne se traduit par un vaste mouvement intellectuel qui touche tous les aspects de la vie culturelle.

Encore une fois, une insurrection menée par un parti populiste arménien déclenche son écrasement par le gouvernement turc en 1894/1895. 

L'été 1908 marque un tournant : la révolution a pour objectif l'ottomanisation, c'est à dire un Empire modernisé où n'existeraient plus que des citoyens égaux, et pour slogan "Liberté, Égalité, Fraternité" ; elle soulève d'immenses espoirs. Les exilés politiques arméniens, bulgares, turcs, azeris, persans affluent à Constantinople ... La question arménienne n'a jamais été plus près d'être résolue.

13 - LE GÉNOCIDE DE 1915/1916 ET LA FIN DE L’EMPIRE OTTOMAN


Au Moyen Orient et au Caucase, trois forces se disputent l'Arménie :
- les puissances impérialistes ;
- les bolcheviks ;
- les nationalistes turcs.

De 1908 à 1914, l'Empire ottoman a perdu en Afrique et en Europe plus du quart de son territoire et 5 millions d'habitants. Il en résulte que les Turcs représentent le groupe ethnique le plus important. En 1914, les pressions de l'Allemagne sont telles que le 2 novembre, l'Empire ottoman entre en guerre.

En janvier 1915, la 3ème armée ottomane est anéantie par les Russes. Les Turcs désignent les Arméniens comme principaux responsables d'une défaite qui relevait d'une faute stratégique. Après plusieurs mesures discriminatoires contre les fonctionnaires arméniens, les dirigeants turcs considèrent la suppression des Arméniens comme une nécessité vitale.

Une campagne générale de déportation des Arméniens est organisée. Par exemple, sur 1 million d'Arméniens, 150 000 ont pu gagner le Caucase, 50 000 ont survécu à Alep, 200 000 femmes et enfants ont été enlevés et islamisés ... Au total l'estimation la plus probable est de 1,2 millions de victimes.

L'alliance de la "Porte" (ce nom a été souvent utilisé en langage diplomatique et dans les traités pour désigner le gouvernement ottoman) avec les puissances centrales conduit la Grande Bretagne et la France à démanteler l'Empire ottoman. Ce sont les accords "Sykes-Picot" de 1916. L'empire ottoman s'effondre. le tout se termine par le traité de Sèvres en 1920, mais qui soulève une vague de protestation  à travers la Turquie.

14 - LA RÉPUBLIQUE D’ARMÉNIE
 

Mais  le XXème siècle a aussi été le siècle de la résurrection de l'État arménien en Transcaucasie : la République d'Arménie est née en mai 1918 ! L'idée des Turcs est de régler la "Question arménienne" en repoussant les Arméniens dans un territoire suffisamment petit, pour qu'ils leur "fichent la paix".

Mais tout est à faire : l'hiver 1918/1919 est très rude. La plupart des Arméniens qui reviennent au pays vivent - et meurent - dans des ruines, dans des abris de fortune. Tout manque : vêtements, nourriture, médicaments, combustibles ; les épidémies et le banditisme complètent l'anarchie.


L'imbrication des peuples sur un même territoire rend problématique la définition des frontières. De plus les malentendus croissants entre Arméniens occidentaux et orientaux sonnent le glas de la République d'Arménie.

L'Église arménienne  a été longtemps considérée comme un substitut à l'État durant les siècles de domination étrangère. Il faudra attendre la consolidation de l'indépendance en 1919 pour que les autorités religieuses cherchent à normaliser leurs relations avec l'État. L'Église a connu une courte mais réelle embellie avant d'être confrontée aux redoutables épreuves de la période soviétique.

La nouvelle République arménienne a tout à faire : réforme financière, administrative ... Les réformes les plus durables ont été léguées à l'Arménie soviétique et sont d'ordre culturel : l'arménien devient la langue officielle ; l'enseignement est laïc et obligatoire, la première université arménienne est créée.

15 - L’ARMÉNIE SOVIÉTIQUE (1921/1991)

 

Pour Moscou, le principal problème à résoudre a été de briser les traditions paysannes patriarchales qui favorisent le nationalisme. Face aux risques de nationalisation de ses biens, l'Église se considère comme malmenée. En fait, l'Arménie n'entre dans le régime soviétique qu'à petits pas, tout en appréciant le développement de la scolarisation.


La période des premiers plans quinquennaux semble plus bénéfique pour l'industrie, mais le refus de la collectivisation des terres se transforme souvent en une véritable guerilla. Plus de la moitié des terres reste non cultivable ; les petites parcelles pierreuses de ce pays montagneux ne se prêtent ni à la culture extensive, ni à la mécanisation.


Comme dans le reste de l'Union, on veut promouvoir la femme par le travail et la qualification professionnelle. L'émancipation des femmes se heurte cependant à des résistance au niveau des mœurs et de la pratique quotidienne.

À partir de 1929, tout prosélytisme religieux est interdit, alors que les organisations anticléricales abondent. 

Collectivisée, industrialisée, urbanisée, alphabétisée et sécularisée, la société arménienne semble s'être coulée dans le moule soviétique.

L'Arménie participe avec brio à la deuxième guerre mondiale. En retour l'URSS s'intéresse à la "Question arménienne" et autorise le rapatriement des émigrés. Mais, comme dans toute l'Union au lendemain de la guerre, la réalité est désastreuse : chute de la production économique et du niveau de vie, famine, inflation, marché noir, corruption, et surtout regain de la terreur stalinienne. 

Staline
La mort du "guide" en mars 1953 semble annoncer le "dégel" et l'assouplissement de la vie politique et économique. L'Arménie connaît alors une période de forte croissance, se couvrant d'usines et de combinats. La population double entre 1959 et 1989 ; la famille continue de jouer le rôle de foyer et de transmission de la foi et de la mémoire.

La question nationale est un éternel problème : histoire plurimillénaire, diaspora, génocide, l'équilibre est difficile à maintenir. Mais les réussites sont attribuées par les Arméniens à leur propre labeur, plus qu'au système soviétique, qui ne peut perdurer dans ces conditions.

16 - LA IIIème RÉPUBLIQUE : L’ARMÉNIE FACE AUX DÉFIS DE L’INDÉPENDANCE (1991/2000)

 

L'indépendance ouvre une ère historique nouvelle. Après une transition politique remarquablement pacifique, le nouvel État est immédiatement confronté à la guerre et au blocus énergétique, avec en plus la tentative de rattacher à l'Arménie la région autonome du Haut-Karabagh qui est sous le contrôle de l'Azerbaïdjan.


Le 21 septembre 1991, la question posée au référendum est la suivante : "Êtes-vous d'accord pour que l'Arménie soit un État démocratique, indépendant, hors de l'URSS ?". Le "oui" s'élève à 99,4 % avec un taux de participation de 95%.

L'évolution de l'Arménie est alors déterminée par la politique extérieure. Dans sa volonté de conserver des relations étroites avec la Russie, l'Arménie adhère à la Communauté des États indépendants (CEI), qui succède à l'URSS, alors que la Géorgie et l'Azerbaïdjan s'y refusent.

Situation du Haut-Karabagh
 Les relations diplomatiques deviennent bonnes avec la Turquie et l'Iran. En revanche elles sont très mauvaises avec l'Azerbaïdjan, qui lance une offensive au nord et à l'est du Karabagh. La guerre se poursuit.

Moscou prend position en soutenant les Arméniens, alors que le régime de Bakou est proturc ...

L'économie des premières années de l'indépendance est dramatique. Exemple : pour se chauffer, la population a abattu plus de 50 000 arbres pour la seule ville de Yérévan. Le gazoduc géorgien explose pour la quatrième fois. L'inflation atteint un taux record de 10 978 % !

En vrac : La privatisation des terres atteint 90% ; le scepticisme désabusé de la population fait qu'en 1998, 74 partis sont enregistrés ; la liberté d'expression et de la presse suscitent une floraison de publications : 132 journaux et périodiques ; le salaire moyen est de 27 dollars par mois ...

17 - L’ÈRE KOTCHARIAN (2000/2006)


Dès son élection, le Président Robert Kotcharian réforme la Constitution, annonce une "opération mains propres", mais le moins qu'on puisse dire est que la situation politique de l'Arménie est brouillée.

En politique extérieure, priorité est donnée aux relations avec la Diaspora. L'accent est également mis sur la reconnaissance internationale du génocide de 1915 par la Turquie, mais celle-ci continue  à maintenir son blocus.

L'Arménie renforce ses relations avec les États-Unis et conserve avec la Russie des liens denses et multiples. Elle développe des relations de bon voisinage avec la Géorgie et l'Iran. Les relations avec la France sont excellentes : l'année de l'Arménie en France est lancée sur le slogan "Arménie mon amie".


18 - L’ÉGLISE DANS L’ARMÉNIE CONTEMPORAINE (1921/2007)
 

L'Église apostolique arménienne doit être perçue dans son identification totale avec la population. Son histoire suit les vicissitudes de la politique, en particulier sous la terreur stalinienne.


Les conflits autour de l'Église arménienne qui se sont déroulés sur fond de guerre froide doivent tenir compte du fait que les chrétiens arméniens, par tempérament, se laissent volontiers entraîner dans des affrontements dramatiques ; ils ont également une aptitude étonnante à redécouvrir ensuite la fraternité profonde qui les unit au sein de cette institution à laquelle ils doivent tant.


L'Église arménienne a connu une incontestable et quasi miraculeuse renaissance après les épreuves du génocide et de la soviétisation.


http://youtu.be/Ece7TkZoZJY             

 D'importantes mutations ont foncièrement et durablement marqué les cinquante dernières années de son histoire. En effet si le catholicossat suprême d'Édjimiatzin se trouve toujours en Arménie, l'essentiel de son corps et de ses membres se trouve désormais hors du pays et des régions traditionnelles de peuplement arménien du Proche et du Moyen Orient.


Les trois quarts de ses diocèses - et 5 millions de fidèles sur 8 - sont répartis sur les cinq continents. Aujourd'hui, l'Église arménienne doit, comme les autres Églises, répondre à la montée de l'incroyance et de l'irréligiosité, ainsi qu'aux grands défis du modernisme, même si on observe un retour franc et massif au sentiment religieux.

19 - LA CULTURE DANS L’ARMÉNIE CONTEMPORAINE (1921/2007)

Dans la dizaine d'années qui a suivi sa création, l'Arménie soviétique s'est empressée de se doter d'une solide infrastructure culturelle. En 1921 est fondée l'Université populaire de Yérévan. Puis la Bibliothèque publique d'État, le musée, le théâtre, l'École des Beaux-Arts, le Conservatoire, des studios de films arméniens ...

Il y a une véritable fièvre de mise en place de moyens culturels dans la première décennie qui suit l'instauration du nouveau régime. En 1920, l'arménien est proclamée langue d'État dans les frontières de l'Arménie.

L'année de l'Arménie en France (2006-2007) est pour la République d'Arménie une occasion de faire connaître sa culture.

Mais notre préférence est :





20 - LA GRANDE DIASPORA ARMÉNIENNE




L'incursion inattendue de l'Arménie indépendante dans la vie de la Diaspora a été un bouleversement. Les dévastations du tremblement de terre de 1988 et le conflit du Karabagh ont mobilisé la Diaspora qui s'est lancée fébrilement  de toutes parts dans l'entreprise de reconstruction.

On est surpris et émerveillé par la ténacité et la force des anciens migrants à perpétuer sous des cieux étrangers les valeurs de leur culture et de leur foi ancestrale.

Au XIXème siècle, les pays européens ont chacun leur petite communauté arménienne, de préférence dans les cités commerciales et les ports. Mais la Diaspora est d'abord orientale, voire asiatique. Et le livre de décrire les spécificités de ces communautés.

Vers 1960, les Arméniens dans le monde (Arménie et Diaspora) sont estimés à 4,5 millions. La France abrite la plus forte communauté de l'Europe occidentale. Marseille devient le passage obligé des immigrants arméniens vers les États-Unis, en attente de visa.

La communauté arménienne de Russie a une histoire différente de celle de la Grande Diaspora. À la fin du régime soviétique, les églises et les écoles sont rendues à leurs propriétaires et les activités reprennent. Après le tremblement de terre de 1988, les premières émigrations se dirigent vers la Russie.

En conclusion, c'est la première fois dans la longue histoire des Arméniens que coexistent parallèlement une patrie souveraine et une Diaspora d'égale importance numérique.


21 - LES ARMÉNIENS EN FRANCE DU DÉBUT DU XIème AU DÉBUT DU XXème SIÈCLE


Un certain nombre de moines arméniens viennent en France au Moyen Âge. Au XIVème siècle, la papauté s'installe à Avignon, et attire de nombreux ecclesiastiques arméniens.

À l'époque moderne, la France ne s'ouvre aux Arméniens qu'après la conclusion de l'alliance entre François 1er et le Grand Turc. Les accords franco-ottomans favorisent les échanges commerciaux entre les deux États, dont des négociants arméniens profitent pour s'installer en France. Mais la surtaxation des entreprises arméniennes par la ville de Marseille ne leur est pas favorable.

Colbert promulgue un édit démantelant les barrières douanières du port de Marseille. Les Arméniens en profitent pour revenir en nombre.

C'est la création, à l'initiative de Napoléon Bonaparte, de la chaire provisoire d'arménien à l'École spéciale des langues orientales en 1798, qui marque les débuts officiels des études arméniennes. On remarque également à Paris quelques dizaines de Mamelouks, esclaves arméniens originaire du Caucase, ramenés d'Égypte par Bonaparte.

Cathédrale de Saint Jean Baptiste
En octobre 1904, la construction de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Paris est achevée grâce à une donation d'un richissime Arménien du Caucase, pionnier de l'industrie pétrolière à Bakou.

Durant la première guerre mondiale, les Arméniens vivant en France s'engagent le plus souvent comme volontaires dans l'armée française.

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22 - LA RÉVOLUTION DE VELOURS
 

Comme le livre sur l'histoire du peuple arménien a été publié en 2008, il n'a pas pu tenir compte d'événements importants qui se sont produit en Arménie dix ans plus tard. Il nous a donc semblé naturel d'en faire état.

La révolution arménienne, - ou, en référence à la révolution de Velours en Tchécoslovaquie, révolution de velours et révolution douce - , s'est déroulée du 13 avril au 8 mai 2018 en Arménie. À l'initiative du député d'opposition Nikol Pachinian, elle a rassemblé des dizaines de milliers de personnes, particulièrement dans la capitale Erevan, à Gyumri et à Vanadzor.

Nikol Pachinian
 Ce qu'a réalisé Nikol Pachinian pour le peuple et par le peuple arménien est exceptionnel. S'il peut poursuivre à  terme par une bonne gouvernance, il sera un modèle de civisme pour le monde entier.

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Sèda Mavian est diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris (IEP) et titulaire d’un DEA d’histoire de l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris (EHESS). Auteure et journaliste, elle est correspondante à Yèrèvan des "Nouvelles d’Arménie Magazine", le principal mensuel arménien de France, particulièrement en charge des domaines politique, historique et culturel. Sa connaissance du monde arménien dans le temps (passé et présent) et dans l’espace (Arménie, diaspora, Artsakh), la fait considérer aujourd’hui comme une spécialiste de l’Arménie.


Pour mieux comprendre les événements d'avril-mai 2018, il est nécessaire de revenir légèrement en arrière, c'est-à-dire au début du mois de mars, lorsqu'après une période transitoire de deux ans, l'Arménie est sur le point de passer d'un régime semi-présidentiel au régime parlementaire.

Ce qui se profile, c'est la reconduction d'un régime oligarchique arbitraire et corrompu qui dure depuis vingt ans. Dans ce contexte, l'opposition parlementaire, bien qu'extrêmement minoritaire, déclare depuis le début du mois de mars qu'elle ne restera pas les bras croisés. 

Mais quoi faire et comment le faire ? Nikol Pachinian décide d'aller de l'avant : "Moi je ferai mon pas. À chacun de faire le sien". Or il ne fait aucun doute que, lors de l'élection du Premier ministre (le véritable chef d'État), Serge Sarkissian sera élu.

La campagne de Nikol Pachinian se fait sur le slogan : "Fais un pas, refuse Serge !". C'est alors que Seda Mavian décide de "faire son pas" et de couvrir les prochains événements sur Facebook. Son livre est la copie de ses messages.

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Vendredi 13 avril : 9 messages, dont le dernier tard dans la nuit : NP a dit:
- Il faudra être souple en changeant de lieu des manifestation ;
- Il faudra être constant : manifester jour et nuit ;
- Il faudra être civique : aucune violence, ni en action, ni en parole ; aucune provocation en direction de la police.

Samedi 14 avril : 10 messages.

Lundi 16 avril : 8 messages. Le mouvement a sa chanson : "Aujourd'hui j'avance, j'avance d'un pas (...) je ne suis pas seul, je ne suis pas seul, je marche, je marche ...". L'euphorie gagne Yèrèvan, malgré les violences policières.

Rassemblement place de la République
 Mardi 17 avril : Jour J de l'élection du Premier ministre. Serge Sarkissian est élu par la majorité parlementaire, alors que Nikol Pachinian proclame "la révolution de velours", tenant pour rien l'élection du Parlement et suscite un énorme rassemblement sur la place de la République, suivi d'un défilé.

Mercredi 18 avril : Pour la première fois, cela bouge en province ; nouveau grand rassemblement. NP négocie avec la police pour permettre un grand défilé et fait une intervention où il invite les villages et les petites localités à faire pression sur leurs maires et conseils municipaux.

Jeudi 19 avril : NP harangue à nouveau la police, car le risque de répression violente existe. L'Université américaine est défavorable au mouvement, mais l'Université française comprend la situation. Ce jour fait débuter les manifestations automobiles avec concerts de klaxon.

Vendredi 20 avril : La tactique de paralysie de la capitale a atteint son but.

Samedi 21 avril : Intervention de Charles Aznavour qui invite chacun à faire des concessions, ce que n'apprécie pas trop Seda Mavian. Quant à NP, il estime que le pouvoir actuel a trop tardé à négocier. La police tente d'intimider les cortèges automobiles, mais elle est débordée par l'ampleur des manifestations.

Dimanche 22 avril : NP est brusquement enlevé par des policiers, alors qu'un cortège sillonne la ville pendant deux heures. Immense rassemblement place de la République.

Lundi 23 avril : On est sans nouvelles de NP, alors qu'il y a une manifestation fleuve à Yèrèvan. À 15 heures, NP et d'autres leaders sont libérés. À 16 heures, Serge Sarkission démissionne !
Les jours suivants se passent dans la préparation d'un nouveau pouvoir représentant le peuple arménien.

Mardi 1er mai : Jour J de l'élection du Premier ministre par les députés. Au total, NP recueille 45 voix "pour" et 56 voix "contre", donc pas assez pour être Premier ministre.

Mercredi 2 mai : le parti Républicain, majoritaire, annonce qu'à la prochaine session extraordinaire du 8 mai il votera pour NP !

Mardi 8 mai : NP est élu premier Ministre, avec 59 voix "pour" et 42 voix "contre".