CHRONIQUE DES CROISADES

  

Création le 10 juin 2022

Achevé vers 1474, le manuscrit de Sébastien Mamerot, aux somptueuses illustrations, est le seul document contemporain décrivant plusieurs siècles de croisades françaises, pendant lesquelles les rois successifs ont tenté de s’emparer de la Terre Sainte. Jean Colombe, l’enlumineur médiéval célèbre pour son travail sur les « Très Riches Heures du Duc de Berry », a réalisé la plupart des 66 merveilleuses miniatures.

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Les croisades sont l’un des moments majeurs de la lutte séculaire qui oppose, au Moyen Âge, le monde chrétien et l’Islam. C’est avec la victoire remportée par Charles Martel contre les Arabes, à Poitiers, en octobre 732, que les chrétiens d’Occident prennent conscience de leur unité face à la communauté musulmane. Puis, pendant des siècles, les deux mondes s’ignorent largement, malgré les ambassades échangées par Charlemagne et le calife de Bagdad, Haroun-al-Rachid, ou les contacts établis localement en Espagne et en Sicile.

Château de Canossa

En Occident, les structures héritées de l’Empire carolingien se sont désintégrées ; l’Église de Rome tente d’imposer son autorité morale, religieuse et même politique : le pape Grégoire VII impose à l’empereur Henri  IV de faire amende honorable en se présentant pieds nus au château de Canossa, en Toscane.

Du côté oriental, Byzance a connu son apogée sous le règne de Basile II. L’Empire domine toute l’Asie mineure jusqu’en Mésopotamie, en Arménie et aux portes de la Palestine. Mais cette puissance s’effondre en quelques années, sous les coups des Turcs Seldjoukides. En 1078, ils prennent Jérusalem, alors aux mains des Arabes.

Une foule de serfs, de paysans, de moines et de moniales se met en marche dans le plus grand désordre, sous la conduite d’un moine originaire de Picardie, Pierre l’Ermite. Cette « croisade des pauvres gens » arrive à Constantinople en août 1096, après avoir accompli de nombreux forfaits sur son passage. Elle sera massacrée presque entièrement par les Turcs, près de Nicée.


Siège d'Antioche

Godefroy tue un ours !

Pendant ce temps, la croisade des barons s’organise. Godefroy de Bouillon et ses frères prennent la route terrestre par l’Allemagne. La prise de Nicée en mai 1097, est la première victoire des Francs, mais dans des conditions rendues épouvantables par la chaleur et le manque d’eau. Le gros de la troupe arrive à Antioche en octobre 1097. Cette grande cité est protégée par une enceinte de plus de quatre cents tours et dominée par une vaste citadelle. La garnison turque finit par se rendre.

 

En janvier 1099, les barons francs décident de reprendre la route pour Jérusalem. Leurs maigres contingents arrivent le 7 juin, puis les renforts construisent des engins de siège. Au terme d’un horrible massacre des habitants musulmans et juifs, Jérusalem est prise en quelques heures.

LA DEUXIÈME CROISADE

À la mort de Godefroy de Bouillon en 1100, son frère Baudouin monte sur le trône. La conquête se poursuit. Par ailleurs, la fondation des ordres monastiques combattants (Hospitaliers, Templiers, Chevaliers Teutoniques) améliore la sécurité des pèlerins.

Zangi, régent d’Alep, s’empare d’Edesse le 24 décembre 1144. L’événement a un retentissement considérable en Occident, et saint Bernard décide de prêcher une nouvelle croisade à Vézelay. Un immense enthousiasme s’empare de la foule.


Saladin

Les principaux princes d’Occident prennent la route de la Terre Sainte. Un fragile équilibre, fait d’escarmouches et de trêves s’établit pendant quelques années entre chrétiens et musulmans. Mais le kurde Saladin écrase les troupes franques. Le 10 juillet 1187, le port d’Acre capitule, et toute la Terre Sainte est submergée.

LA TROISIÈME ET LA QUATRIÈME CROISADE

Le 11 juin 1191 Richard Cœur de Lion arrive devant Acre puis remporte une éclatante victoire sur Saladin. Puis une trêve est conclue. La mort de Saladin pousse le pape Innocent III  à organiser une quatrième croisade. Les croisés prennent Constantinople pour la deuxième fois, et procèdent à un immense pillage.

De nombreux pèlerins s’embarquent pour la Terre Sainte. Les « croisades des enfants » en 1212 et 1223 réunissent des milliers de personnes, qui termineront pour la plupart vendus comme esclaves.

En 1213, le pape Innocent III lance un nouvel appel à une cinquième croisade, dont le chef spirituel est François d’Assise, et dont le but est l’Égypte.

Une sixième croisade en 1228 conduit l’empereur Frédéric II à négocier une trêve de dix ans avec le sultan du Caire. Les Francs recouvrent Jérusalem, Nazareth et Bethléem. Jérusalem est reprise par les Turcs au terme de la trêve

LES CROISADES DE SAINT LOUIS

La nouvelle de la chute de Jérusalem pousse le pape Innocent IV à lancer un appel à une septième croisade. Louis IX (saint Louis) décide d’attaquer l’Égypte en 1248. Il est fait prisonnier devant la forteresse de Mansourah, libéré contre une forte rançon. L’offensive des mamelouks reprend toutes les villes d’Égypte. 


Alors Louis IX veut convertir l’émir de Tunis : sa croisade tourne court et il meurt de la peste le 25 août 1270. Malgré la résistance des Templiers, les dernières places fortes de Palestine passent aux mains du sultan : l’aventure des croisades est achevée.

Statue de Saint Louis à Carthage