SINDBAD LE MARIN

 


 Création le 23 mars 2022

 Sindbad le marin, en persan Sindibad (aussi épelé « Sindbad » du persan سندباد, Sandbād), est le nom d'une fable d'origine irakienne qui conte les aventures d'un marin de la ville de Baghdad du temps de la dynastie des Abbassides (aux environs de 781-835). Durant ses voyages dans les mers de l'est de l'Afrique et du sud de l'Asie, Sindbad vit de nombreuses aventures fantastiques. Ces aventures sont basées, d'une part, sur de véritables expériences de marins de l'océan Indien et, d'autre part, sur d'anciens textes de sources diverses (dont l’Odyssée d'Homère), ainsi que de nombreuses légendes perses et indiennes.


*******************

Sous le règne du Calife Haroun al Rachid, il y avait à Bagdad un pauvre porteur, qui se nommait Hindbad. Un jour qu’il faisait une chaleur excessive, il portait une charge très pesante, d’une extrêmité de la ville à l’autre. Comme il était fort fatigué, il arriva dans une rue où régnait un doux zéphyr. Son odorat fut agréablement frappé d’un parfum exquis. Outre cela, il entendit un concert, accompagné du ramage d’un grand nombre de rossignols. Il voulut savoir qui demeurait dans cette demeure. Un domestique, magnifiquement habillé, lui répondit :
- Vous ignorez que c’est ici la demeure du seigneur Sindbad le marin, de ce fameux voyageur qui a parcouru toutes les mers que le soleil éclaire ?

Hindbad fut épouvanté de sa propre misère, alors qu’un valet sortit de la demeure et lui dit :
- Venez, suivez-moi ; le seigneur Sindbad, mon maître, veut vous parler.


 

 Un valet introduisit Hindbad dans une grande salle, où il y avait un bon nombre de personnes autour d’une table couverte de mets délicats. On y voyait à la place d’honneur un personnage grave, bien fait et vénérable, avec une longue barbe blanche, qui accueillit Hindbad avec sympathie, et s’adressa aux convives, pour leur confier les secrets de son enrichissement.


*********************

PREMIER VOYAGE

J’avais hérité de ma famille de biens considérables, dont j’ai dissipé dans la débauche la majeure partie. J’ai alors considéré que la plus déplorable des misères est d’être pauvre dans la vieillesse. J’ai vendu mon patrimoine, consulté quelques marchands, et je me rendis à Bassora où j’embarquai sur un vaisseau que nous avions équipé à frais communs. 

 


Nous primes la route des Indes Orientales par le golfe Persique. Je fus d’abord incommodé par le mal de mer, mais ma santé se rétablit bientôt. Dans le cours de notre navigation, nous abordâmes plusieurs îles, où nous y vendîmes ou échangeâmes nos marchandises. Un jour, le calme nous prit près d’une petite île, presque à fleur d’eau, qui ressemblait à une prairie par sa verdure. Je fus du nombre de ceux qui y débarquèrent. Mais l’île trembla tout à coup, et nous donna une rude secousse.

Sindbad poursuivit :
- On nous cria du vaisseau de rembarquer promptement : ce que nous prenions pour une île était une baleine, et je n’eut que le temps de m’accrocher à une pièce de bois, tandis que le vaisseau, profitant d’un vent frais et favorable, s’éloignait définitivement.
Je nageai pendant deux jours, et je désespérais d’éviter la mort, lorsqu’une vague me jeta heureusement contre une île. Terrassé par la fatigue et la faim, je mangeai quelques herbes, puis je m’avançai dans une plaine, où je vis un cheval qui paissait ;  je vis un homme qui me demanda qui j’étais. Il me fit entrer dans une grotte, où étaient rassemblées plusieurs personnes, très étonnées de me rencontrer. C'étaient des palefreniers du roi Mihrage, souverain de cette île. Le lendemain, ils prirent le chemin de la capitale, et le roi Mihrage me demanda qui j’étais, et par quelle aventure je me trouvais dans son royaume.

Comme j’étais un marchand, je recherchai la compagnie des savants des Indes. Ils m’apprirent qu’il y avait une île du nom de Cassel. On y entendait toutes les nuits un son de timbales. Je souhaitai la visiter, et je vis des poissons longs de 100 mètres, qui font plus de peur que de mal. À mon retour, un navire vint aborder au port : je reconnus le capitaine, ainsi que les écritures que j’avais faites sur mes marchandises. Capitaine, lui dis-je alors, je suis ce Sindbad que vous croyez mort, et ces ballots sont mon bien et ma marchandise.

Le capitaine est incrédule, mais devant les témoignages de reconnaissance des passagers, il est bien obligé de se rendre à l’évidence. Le navire repart et Sindbad fait du commerce avec ses marchandises ; il ramène à Bagdad du bois d’aloès, des clous de girofle, du gingembre, du poivre et de la muscade. Il s’enrichit, et bâtit une grande maison.

                                            SECOND VOYAGE


Sindbad repart sur un autre bateau avec d’autres commerçants. Ils accostent sur une île merveilleuse. Sindbad se gave de délicieux fruits et légumes et s’endort. Quand il se réveille, le bateau a disparu !

Sindbad est désespéré.  Puis il décide d’explorer l’île. Il remarque une grande boule blanche à l’horizon : c’est un œuf d’oiseau gigantesque. L’oiseau arrive, Sindbad s’attache à l'une de ses pattes, en espérant que l’oiseau le conduira dans un pays habité, mais l’oiseau atterrit dans une vallée profonde, couverte des plus beaux diamants du monde. Sindbad en fait une récolte abondante, et le soir, il se barricade dans une grotte pour échapper à des serpents gigantesques. Le matin, il voit une grosse pièce de viande fraîche tomber du ciel. Explication : des marchands ne pouvant accéder à la vallée des diamants y jettent cette viande. Les aigles viennent récupérer la viande dans laquelle se sont encastré des diamants, et retournent à leur nid. Les marchands n’ont plus qu’à récupérer les diamants dans les nids …

Pour sortir de la vallée profonde des diamants, Sindbad s’accroche à une pièce de viande, qu’un aigle va la transporter jusqu’à son nid. Les marchands arrivent prendre leur récolte de petits diamants accrochés à la viande, et sont stupéfaits de rencontrer Sindbad, qui repart avec eux, en évitant les énormes serpents ; ils arrivent à un port et gagnent Bassora. Quand Sindbad revint à Bagdad, il fait d’immenses aumônes.



                                       TROISIÈME VOYAGE

 À la fleur de l’âge, Sindbad s’ennuie de vivre dans le repos. C’est parti ! Le navire rencontre une énorme tempête, qui oblige le capitaine à se réfugier malgré lui dans le port d’une île,  dont les habitants sont  des quantités de nains sauvages et velus, qui attaquent les étrangers.

Les nains s’emparent du bateau et débarquent l’équipage à terre. C’est une nouvelle exploration : ils arrivent à un grand palais, où ils découvrent un amoncellement d’os humains. L’habitant est un énorme cyclope de la hauteur d’un palmier. Ses oreilles ressemblent à celles d’un éléphant. À sa vue, ils perdent tous connaissance. Quand ils reviennent à eux, ils voient le cyclope manger les plus gros. Au bout de plusieurs jours, ils construisent des radeaux, et enfoncent un fer rougi au feu dans l’œil du cyclope endormi, qui pousse un hurlement effroyable.

Quand ils gagnent la mer, ils aperçoivent un groupe de géants qui jettent des grosses pierres sur les radeaux, qu’ils détruisent, sauf celui de Sindbad. Celui-ci, avec ses deux compagnons, aborde à une île délicieuse, mais le soir, un serpent gigantesque vient manger l’un d'entre eux. Ils se réfugient dans un grand arbre, ce qui n’empêche pas le serpent de manger le dernier compagnon de Sindbad. Celui-ci se protège derrière un amas de branchages …

Par chance Sindbad aperçoit le lendemain un navire à l’horizon. Il déploie la toile de son turban pour qu’on le remarque. Il est recueilli par l’équipage du navire. Le capitaine dit qu’il a un stock de marchandises au nom de Sindbad ! Une fois de plus Sindbad retrouve ses marchandises.

Sindbad revient à Bagdad chargé de produits exotiques, et devient encore plus riche.



                                       QUATRIÈME VOYAGE 

Sindbad est repris par la passion des voyages. Il prend la route de la Perse et arrive à un port de mer où il embarque. Même histoire : un coup de vent oblige le capitaine à faire amener les voiles : la manœuvre ne réussit pas, les voiles se déchirent, le navire s’échoue, et la majeure partie de l’équipage périt.

Avec quelques compagnons, Sindbad s’accroche à une planche ; ils échouent sur une île, où des Noirs s’en emparent, leur donnent à manger de la nourriture qui leur tourne la tête. Sindbad se méfie, tandis que les autres sont ainsi engraissés et mangés. Il s’enfuit et, au bout de huit jours, rencontre des Blancs, qui cultivent du poivre. 

Sindbad sympathise avec les cueilleurs de poivre qui l’emmènent dans une autre île, où il rencontre le roi. Curieux pays, où tous montent à cheval sans bride et sans étriers. Il fabrique des étriers pour le roi, qui marie Sindbad pour lui prouver sa satisfaction. Mais celui-ci apprend que lorsque l’un des époux meurt, le survivant est enterré avec lui, c’est la loi. Or justement la femme de Sindbad tombe malade et meurt.  

Sindbad et son épouse morte sont enterrés dans un puits donnant sur une grotte pleine de cadavres et de mourants. Il consomme la petite provision de pain et d’eau qu’on lui a laissé, et attend la mort.

Mais le lendemain, on redescend un couple. Sindbad assomme le survivant et mange sa provision … et ainsi de suite. Un jour, il entend souffler et marcher : c’est un animal sorti de la mer qui a pour habitude d’entrer dans la grotte pour manger les corps morts. Sindbad collecte tous les bijoux des morts. Au bout de trois jours, il aperçoit un navire, en est aperçu, et embarque avec ses ballots de bijoux. Puis le navire arrive en face d’îles où Sindbad troque ses bijoux contre du camphre, des cannes à sucre et du plomb.
Il revient à Bagdad, de plus en plus riche, et devient de plus en plus populaire.

                                      CINQUIÈME VOYAGE 

Sindbad achète des marchandises et va au port le plus proche faire construire un navire pour l’avoir à son commandement. Il fait embarquer plusieurs marchands avec leurs marchandises.
 
Le navire arrive en vue d’un autre œuf d’oiseau. On le casse et on mange le petit qui est dedans. Les parents de l'oiseau arrivent et sont furieux. Ils tiennent dans leurs griffes des blocs de rocher énormes, qui écrasent le navire. Tous les passagers sont noyés, sauf Sindbad qui s’accroche à une planche de bois, et arrive à une île qui lui apparaît comme un jardin délicieux. Il aperçoit un vieillard qui lui fait signe de le mettre sur ses épaules, mais le vieillard se tient à califourchon, et refuse de descendre. La frayeur saisit Sindbad, qui s’évanouit.

Lorsqu’il revient à lui, Sindbad a toujours sur ses épaules le vieillard, qui le force à marcher pour cueillir les fruits dans les arbres. Le vieillard reste toujours les jambes serrées sur les épaules de Sindbad la nuit, et cela pendant plusieurs jours de suite. Sindbad trouve une calebasse, la remplit de raisin alcoolisé,  saute et chante en marchant après l’avoir bu. Le vieillard veut en faire autant, et boit tellement de vin qu’il en devient ivre mort. Sindbad est délivré de ce maudit vieillard, et lorsqu’il arrive à la côte, il rencontre des gens d’un navire, à qui il raconte sa mésaventure. Un des marchands du navire incite Sindbad à remplir son sac de noix de coco. Ils arrivent à une grande forêt dont les cocotiers sont extrêmement élevés. La forêt est remplie de singes. 

Les marchands lancent des pierres aux singes qui répliquent en leur lançant des noix de coco. Le navire aborde une autre île ou les marchands échangent les noix de coco contre du poivre. Dans une autre île, Sindbad engage des plongeurs, pour pêcher des perles. De retour à Bagdad, il fait de grandes aumônes, et se délasse de ses fatigues dans toutes sortes de divertissements.

                                       SIXIÈME VOYAGE 

Au bout d’une année de repos, Sindbad entame un sixième voyage via la Perse ; il embarque sur un navire dont, un jour, le capitaine jette son turban à terre, s’arrache la barbe : le navire est entraîné par un très fort courant vers une montagne où il se fracasse. La côte est couverte de débris de navires et d’une infinité d’ossements. Mais les pierres de la montagne sont de cristal, de rubis et d’autres pierres précieuses.


 Tous finissent par mourir de faim. Sindbad fait même son propre tombeau. Mais il voit une rivière qui disparaît dans une grotte. Il décide de construire un radeau, et vogue dans la rivière pendant quelques jours et s’endort. À son réveil, il est dans une campagne verdoyante, et des Noirs sympathiques lui donnent à manger, et le convient à venir voir leur roi.

Le groupe arrive à la capitale de l’île de Serendib. Le roi est très intéressé par l’histoire de Sindbad, et le charge de cadeaux pour le Calife Haroun al Rachid. Après une heureuse navigation, le navire arrive à Bassora, etc …

Sindbad raconte son voyage au Calife Haroun al Rachid, qui est étonné de connaître l’existence d’un roi aussi puissant.


                                 SEPTIÈME ET DERNIER VOYAGE
 

Sindbad est cette fois-ci décidé de ne plus voyager. Mais le Calife lui demande d’aller porter au roi de Serendib ses présents et son message. Sindbad accepte avec fatigue, mais le voyage se passe très bien. Sindbad salue le roi et lui transmet les présents du Calife.
Au retour, le bateau est attaqué par des corsaires, qui tuent l’équipage et font prisonnier Sindbad.
 

Sindbad est vendu à un riche marchand, qui le charge de tirer à l’arc sur des éléphants. Au bout d’un certain temps, Sindbad aperçoit un troupeau et tue un éléphant. Le marchand est content, mais le troupeau d’éléphants se venge, en déracinant l’arbre sur lequel Sindbad est perché. L’éléphant le prend avec sa trompe, et le conduit à un cimetière d’éléphants, où gisent de nombreuses défenses et de dents. Il sera donc inutile de les tuer ! Le marchand devient très riche, et rend sa liberté à Sindbad.
  

Sindbad revient à Bagdad, chargé d’ivoire. Le Calife est très surpris par son histoire et celle des éléphants. Il charge un de ses secrétaire d’écrire cette histoire en lettres d’or, pour la garder dans son trésor.

                                                              MORALITÉ 

La pauvre Schéhérazade ne se doute pas qu’il lui faudra trouver 911 nouvelles histoire nocturnes pour séduire définitivement son redoutable mari, et le dissuader de la faire périr au petit matin. La morale de la morale est que la méchanceté a des limites, mais que la patience ne doit surtout pas en avoir …