MOURIR POUR JERUSALEM 1

 

Création : le 26 décembre 2020

"Cinq mille ans de gloire et de malheur, de sièges, de destructions, d’incendies et de résurrections".

Jean Lartéguy est le nom de plume de Jean Pierre Lucien Osty, né en 1920 et décédé en 2011. Il s'engage comme volontaire en octobre 1939 au 155 ème régiment d'infanterie. Pendant l'Occupation, il s'évade de France en mars 1942 en passant par l'Espagne, où il est interné pendant neuf mois. Il est formé à l'École militaire de Cherchell, alors « Cherchell-Médiouna », avant de rejoindre l'Armée française de la Libération comme officier dans les commandos d'Afrique. Il sert sept ans comme officier d'active au 5ème Régiment d'infanterie avant de rejoindre la réserve avec le grade de capitaine. Il est blessé en Corée.

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Certaines villes ont des destins tragiques, aucune ne peut être comparée à Jérusalem, quarante fois assiégée, incendiée, ruinée, deux fois rasée. Ses habitants furent massacrés, crucifiés, déportés, vendus comme esclaves … Des millions de morts au cours d’une histoire, qui s’étend sur cinquante siècles et presque toujours au nom de Dieu !

On n’a sans doute pas fini de mourir pour Jérusalem. Ville sainte, ville maudite, quel est donc son secret ? (Jean Lartéguy 1995)

"Jérusalem est un bassin d’or rempli de scorpions" (Muqadassi, géographe arabe du XIème siècle, et citoyen de Jérusalem).

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On se prend à dévaler les siècles, du Mur des Lamentations des Juifs, au Saint Sépulcre des Chrétiens, ou à la Mosquée d’Omar des Musulmans. Des cris rauques des muezzins au mugissement sourd du shofar, la corne de bélier dont sonnent les rabbins, puis aux cloches des couvents et des églises, tous ces sons proclament la même vérité : qu’il n’est qu’un seul Dieu, source de toute vie.

Soudain la guerre vint réveiller l’Orient : Laurence et les Anglais, Ben Gourion et les Juifs, les Palestiniens devenus des « dhimmis » (statut inférieur) alors qu’ils avaient tenu le haut du pavé pendant des siècles. Ville de papier où, pour mieux se déchirer, on se jette à la tête la Bible, les Évangiles, le Coran, qui se veulent la parole d’un seul et même Dieu.

CHAPITRE 1 - MELCHISÉDECH, LE ROI MYTHIQUE


Melchisedech, roi de Salem (Jérusalem), apporta du pain et du vin ; il était prêtre du Dieu Très Haut … (Genèse - 14).

Trois mille ans avant notre ère, la première Jérusalem n’aurait été qu’une petite agglomération sans remparts, groupant autour d’une source, quelques familles d’agriculteurs, qui bientôt reprendront une vie nomade pour des raisons inconnues. Jérusalem est nommée pour la première fois, il y a quatre mille cinq cents ans. Puis les Pharaons s’inquiètent devant ne menace des Hyksos, qui vont envahir la vallée du Nil, menant une existence encombrée de tabous et d’interditions. Toutes les ruses sont permises pour venir à bout de l’ennemi. Pressés par la famine et la sécheresse, ils descendent  vers la vallée du Nil, où ils sont mal accueillis. Après l’Exode, lassés de tourner en rond dans le Sinaï, ils adorent le Veau d’Or, le dieu Apis d’Égypte ; et Yahvé vient d’Égypte, ramené dans l’Arche.

L’un de leurs cheikhs est Abraham. Pour la première fois apparaît le nom de Jérusalem. Melchisédek, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et le bénit. L’Égypte reprend le contrôle des Hyksos, et les gouverneurs égyptiens  conservent leur autorité sur un nouvel empire, celui de Mari, qui connaîtra une grande autorité.

La débauche règne dans la région sous la dépendance de Baal, et de sa sœur et amante Anat. Les Hébreux, petits nomades puritains, sont fascinés par les bacchanales des Cananéens, descendants de Caïn. Mais la situation se détériore : Abdi Hépa, nommé roi de Jérusalem, se plaint en termes dramatiques : les Habirous (Hébreux ?) avancent partout … Pas de réponse. L’Égypte ne contrôle plus la terre de Canaan …  Salem n’intéresse plus personne.

CHAPITRE II - DAVID, PREMIER ROI JUIF DE JÉRUSALEM 

David, avec tout Israël, marche sur Jebus (ancien nom de jérusalem). Les habitants lui disent : "Tu n'entreras pas". Il y entre. Voilà pourquoi on appela la ville "Cité de David".

Selon la Bible, les Israëliens occupèrent le pays par la force et la violence. La vérité est peut-être plus prosaïque. Mais les Hébreux se heurtèrent aux Philistins (qui ont donné leur nom à la Palestine), et subissent de nombreuses défaites ; Saül fut choisi parce qu'il s'était révélé le plus vaillant de tous les guerriers.


 Saül est sujet à des crises de dépression, car Yahvé s'est détourné de lui. Seule la musique le soulage de son mal. Il entend parler d'un jeune berger, David, qui joue merveilleusement de la harpe. ll se l'attache.

 Alors que la situation devenait catastrophique, dans la vallée du Térébenthe, Saül a rassemblé son armée. Le Phlistin Goliath est un géant de 3 mètres de haut ; sa cuirasse pèse 60 kgs. David ose seul affronter Goliath avec sa fronde. (Non sans raison selon nous, voir le paragraphe "David et Goliath" de l'article suivant) :

http://caucasekersco.blogspot.com/search/label/a%2017%20-%20LA%20BIBLE%20AVAIT%20RAISON

D'un seul coup d'un seul, David tue Goliath. Les Philistins décampent, mais Saül devient jaloux de David, qui accumule les victoires. Moitié aventurier, il est très séduisant : il a un vrai harem. Un soir, de sa terrasse, il aperçoit une jeune femme qui se baigne, c'est  Bethsabée, fille d'Urie le Hittite ; après plusieurs péripéties, il lui fait un enfant, puis un deuxième : Salomon est ce deuxième fils.

À trente ans, David assiège Jérusalem avec ses 600 guerriers. Son neveu Joab découvre une canalisation qui conduit à la citadelle. Il s'y introduit de nuit, et ouvre les portes de la citadelle à David. Celui-ci attendra sept ans pour en faire sa capitale et y installer l'Arche d'alliance, qui avait été conquise par les Philistins et abandonnée. Mieux : il lui fait construire un temple en bois de cèdre, ce qui lui permettra de devenir un roi sédentaire !

On n'a plus entendu parler de l'Arche d'alliance. Le Temple sera pillé à plusieurs reprises. Nabuchodonosor l'aurait emmenée prisonnière ...

David, devenu vieux, sent ses forces l'abandonner. Il finit par se résoudre à donner ses conseils de bandit de grand chemin et de roi-soldat à son fils Salomon. Après 40 ans du règne de David, Salomon deviendra le troisième roi d'Israël. David ordonne alors au prêtre Sadoq d'oindre Salomon comme roi après lui.


CHAPITRE III - SALOMON LE MAGNIFIQUE

 Salomon, qui régna de 971 à 932 avant notre ère, tombera follement amoureux de Jérusalem. Il préférera le commerce à la guerre, et le peuple s'en trouvera bien. Mais il commence par faire "place nette" de ses éventuels rivaux, avant de jouir de la vie et d'épouser la fille d'un Pharaon. Très vite, il renonce aux expéditions militaires. À la fois bon vivant, alchimiste, auteur de proverbes ; au Moyen Âge, le Turc Soliman portera son nom. 

Sa sagesse sera illustrée par le fameux jugement départageant deux prostituées :
Le Premier Livre des Rois (3, 16-28) dit que le différend oppose deux femmes ayant chacune mis au monde un enfant, mais l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent alors l'enfant survivant. Pour régler ce désaccord, Salomon réclama une épée et ordonna : « Partagez l'enfant vivant en deux et donnez une moitié à la première et l'autre moitié à la seconde ». L'une des femmes déclara qu'elle préférait renoncer à l'enfant plutôt que de le voir mourir. De ce fait, Salomon reconnut la véritable mère de l'enfant. Il lui donna le nourrisson et sauva ainsi la vie de l'enfant.

C'est un grand bâtisseur, mais aussi amateur de femmes étrangères et de chevaux. Il lance de nombreux chantiers, dont celui du Temple, puis de son Palais, somptueux et magnifique. Jérusalem devient une ville de plaisir et de tolérance et connaît une fête perpétuelle.

 

L'apogée semble avoir été la visite de Balkis, la reine de Saba, arrivée avec d'immenses richesses, des chameaux chargés d'épices, d'or et de pierres précieuses. Le royaume de Saba s'étendait du Yemen à l'Éthiopie.

Il ne restera rien de l'œuvre de Salomon, pas même des ruines. Il n'a pas réussi à créer un sens national. La construction du Temple d'Hérode fera disparaître les vestiges du Temple de Salomon.  Ce fut grâce aux Phéniciens qu'il put réaliser ses grandes entreprises commerciales, et non pas avec les Hébreux, gardiens de chèvres et de moutons. Désespéré, lucide, il saura que rien ne lui survivra.

La suite du livre dans un prochain article.