LES ÉMIRATS ARABES UNIS 1

 

 

Création le 17 septembre 2020

Les Éditions  ACR ont publié en 2010 un « beau livre » sur les Émirats Arabes Unis. Le texte est de Alain Bradfer, journaliste économique, amateur et collectionneur de vins ; les photos sont de Jean-Dominique Dallet, né en Afrique du Nord où il a étudié. Il a travaillé en France et au Danemark avant de s’installer dans le sud de l’Espagne en 1976. Depuis il s’est spécialisé sur l’Espagne et d’autres pays méditerranéens bien que son travail l’ait mené jusqu’aux Philippines, Macau et l’Inde.

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Ce fut un désert dont les dunes s'alanguissaient sur le ressac d'une mer qui fut de tout temps un enjeu du commerce mondial. Il est difficile d'imaginer que ces sept émirats aient une Histoire, au sens des canons occidentaux. Ici, le passé semble avoir été gommé de traits de pelleteuses, noyé dans le béton, rayé d'autoroutes urbaines. Ce qui ne l'empêche de ressurgir à la moindre attention, à la plus modeste des sollicitations.

Fier de ce que le monde lui reconnaît, le plus insolent des Émiriens attendrit sa superbe au souvenir de ses pères. Des pères qui, il n'y a guère plus de quarante ans, étaient bédouins, commerçants, chameliers, ou à peu près tous pêcheurs de perles ... C'est ainsi que s'écrit une histoire contemporaine. Vingt siècles de transhumances rudes, de commerce intensif, de concurrence acharnée, de déboires destructeurs et d'imagination salvatrice ont forgé des mentalités qui ont fait de ce désert l'un des endroits les plus riches et les plus convoités du monde. 

 Ce qui paraît être un miracle contemporain n'est jamais que l'aboutissement d'une culture ancienne passée par tous les avatars qui forgent une économie moderne.

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En 1497, un navigateur omanais indique à Vasco de Gama la route reliant l'Afrique aux Indes. En 1761, les Bani Yas fondent la colonie d'Abou Dhabi sur une île rendue hospitalière par une source d'eau douce. Les siècles suivants sont ceux de l'or, des pierres et des épices, de tout ce dont rêve l'Occident.

Aux batailles navales succèdent les attaques terrestres menées par des Anglais décidés à s'ouvrir les routes maritimes. En 1853, signature avec les Anglais d'une "paix perpétuelle". La côte se fait industrieuse et marchande : il s'exporte jusqu'à 2 000 tonnes de perles par an vers l'Angleterre.

 Les origines de la fortune actuelle - le pétrole - remontent à 1939. Le gisement d'Abou Dhabi figure aujourd'hui parmi les plus prometteurs du monde. Mais, devant les revendications de l'Arabie Séoudite, l'Angleterre se retire à terme de la région.

Émirat à l'ancienne : 1972 (collection personnelle)


Une fédération de sept Émirats se constitue :  Abou Dhabi mise sur la culture ; Dubai sur le tourisme de luxe, Sharjah joue l'opulence paisible, Ajman conserve sa tradition agricole, et Fujairah exploite sa situation portuaire.

Un grand pas pour les Émirats

Port de Sharjah

 Vu de Sirius, l'économie des Émirats tiendrait en deux mots : pétrole et négoce. Abou Dhabi, quatrième producteur mondial, et dont les réserves ne seront épuisées que dans un siècle, masque la réalité.

Université Paris Sorbonne
       

Abou Dhabi met patiemment en place une infrastructure culturelle, comme l'Université de Paris Sorbonne.

 Sharjah  s'est trouvé en situation de dortoir d'une classe moyenne. Mais le Cheikh Sultan bin Mohammed al-Quasimi, couvert de diplômes universitaires et surnommé "l'érudit", a établi son territoire en pôle de culture avec quatre universités. En tant qu'agronome, il a développé les terres fertiles ...

 

Le Cheikh Zayed bin Sultan Al-Nahyane a été le père de l'unification des peuples des émirats (1916-2004). Il a été un visionnaire teinté d'humanisme. Diplomate redoutable, il a rallié chacune des dynasties séculaires à sa cause.


Mosquée Nour de Sharjah

Devenus en vingt ans les modèles d'une société mondialisée, les Émirats arabes unis ont adapté, sans aucun reniement, l'Islam aux contraintes imposées par la multiplicité des civilisations qui s'y croisent et y séjournent. Le sunnisme dominant admet la pratique d'autres cultes que musulman sur leur territoire. L'autre concession majeure au monde occidental : la banque.

Les Émirats comptent 4 millions d'étrangers de 140 nationalités, pour une population totale de 5 millions. Les expatriés sont des cadres, les immigrés fréquentent plutôt les chantiers. Mais la police, l'armée et les douanes font aussi appel à des supplétifs yéménites ou soudanais.

Dans un prochain article, les sept Émirats feront chacun l'objet d'une recension de leur ascension. En attendant, vous pourrez toujours pratiquer les descentes de ski à Dubai.