Création le 29 juillet 2019
Entre les années 87 et 69 avant J.-C. , le roi arménien Tigrane le Grand prit la tête d’un véritable empire qui arrêta l’avancée de Rome au Proche Orient. Une figure négligée par les Romains, comme par les historiens modernes.
Giusto Traina est un historien italien. Il est professeur à l’Université de Paris-Sorbonne, membre de l’Institut universitaire de France, etc, etc .
Dans la revue « L’HISTOIRE » de juin 2017, il a publié un article sur « L’empire oublié de Tigrane d’Arménie » dans le cadre d’une histoire politique du royaume de la Grande Arménie.
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Imitant le projet d’Alexandre, bien qu’à une échelle plus réduite, Tigrane voulait faire de l’Arménie un véritable trait d’union entre l’Occident hellénisé et l’Orient iranisé. Les portraits sur ses monnaies montrent clairement ce brassage : le roi est représenté avec les traits d’un roi hellénistique (héritier d’Alexandre le Grand), mais avec une tiare bien iranienne, décorée de deux aigles (l’aigle était un symbole de royauté dans plusieurs royaumes du Proche-Orient), avec une étoile macédonienne au centre. De plus, sur ladite tiare est posé un diadème, le bandeau qui ornait la tête des rois hellénistiques.
Dans la mémoire du peuple arménien, les épisodes d’exaltation nationale coïncident essentiellement avec des défaites héroïques. La seule exception est le souvenir de Tigrane le Grand, sous le règne duquel le royaume d’Arménie connut une formidable expansion, du Caucase à la Méditerranée orientale.
Le royaume arménien fut créé après le traité d’Apamée en 188 avant J.-C., quand les Romains obligèrent le roi séleucide Antiochos III, héritier des conquêtes d’Alexandre le Grand, à renoncer à une grande partie de ses possessions en Asie Mineure et dans le Caucase.
Le premier roi d'Arménie fut Artachès 1er. Son successeur Tigrane 1er était l'ami des Romains. Son fils Tigrane étant trop jeune pour régner, c'est le frère de Tigrane 1er qui prit la succession. Mais vers 110 avant J.-C., l'armée parthe de Mithridate vainc l'Arménie. En guise de garantie, le jeune Tigrane est envoyé en otage en Mésopotamie. Il demeure à Babylone pendant quinze ans, et retourne en Arménie après la mort de son oncle ; il monte sur le trône à 45 ans et se marie avec la fille de Mithridate.
Entre les années 87 et 69 avant J.-C. , le roi arménien Tigrane le Grand prit la tête d’un véritable empire qui arrêta l’avancée de Rome au Proche Orient. Une figure négligée par les Romains, comme par les historiens modernes.
Giusto Traina est un historien italien. Il est professeur à l’Université de Paris-Sorbonne, membre de l’Institut universitaire de France, etc, etc .
Dans la revue « L’HISTOIRE » de juin 2017, il a publié un article sur « L’empire oublié de Tigrane d’Arménie » dans le cadre d’une histoire politique du royaume de la Grande Arménie.
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Imitant le projet d’Alexandre, bien qu’à une échelle plus réduite, Tigrane voulait faire de l’Arménie un véritable trait d’union entre l’Occident hellénisé et l’Orient iranisé. Les portraits sur ses monnaies montrent clairement ce brassage : le roi est représenté avec les traits d’un roi hellénistique (héritier d’Alexandre le Grand), mais avec une tiare bien iranienne, décorée de deux aigles (l’aigle était un symbole de royauté dans plusieurs royaumes du Proche-Orient), avec une étoile macédonienne au centre. De plus, sur ladite tiare est posé un diadème, le bandeau qui ornait la tête des rois hellénistiques.
Dans la mémoire du peuple arménien, les épisodes d’exaltation nationale coïncident essentiellement avec des défaites héroïques. La seule exception est le souvenir de Tigrane le Grand, sous le règne duquel le royaume d’Arménie connut une formidable expansion, du Caucase à la Méditerranée orientale.
Le royaume arménien fut créé après le traité d’Apamée en 188 avant J.-C., quand les Romains obligèrent le roi séleucide Antiochos III, héritier des conquêtes d’Alexandre le Grand, à renoncer à une grande partie de ses possessions en Asie Mineure et dans le Caucase.
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| Mithridate |
Son chef d'œuvre politique est l'annexion de la Syrie, riveraine de la Méditerranée. Puis il construit une nouvelle capitale, Tigranocerte ("ville faite par Tigrane"), reflétant le projet ambitieux d'un royaume multiethnique, pôle marchand entre le Caucase et la Méditerranée. Les différents savoir-faire des Grecs, des Juifs et des Arabes intègrent la sphère de compétence de l'aristocratie arménienne. Les unités traditionnelle perses cotoient des phalanges d'hoplites armées selon l'usage macédonien.
Mais Mithridate laisse faire des massacres de Romains. Le Sénat intervient alors par une dure répression. Le commandant romain Lucullus oblige Mithridate à se réfugier auprès de Tigrane. Lucullus s'empare de Tigranocerte. Lucullus est remplacé par Pompée qui marche sur Artaxarta. Tigrane décide de capituler pour gouverner en roi "ami et allié du peuple romain", ce qui s'avère une démarche heureuse pour l'Arménie. Mithridate, lui, préfère la mort au déshonneur.
Tigrane meurt de maladie à 85 ans, mais les frontières de la Grande Arménie seront fixées jusqu'en 428 après J.-C.
