
Création le 19 octobre 2009
Modification 1 le 19 décembre 2013
Le Kurdistan n'est pas exactement le Caucase, mais il est peuplé de rudes montagnards dont la lutte pour l'existence s'apparente à celle de leurs voisins.
1 - Il faut d'abord visiter l'excellent site de Michaël Thévenin sur la transhumance :
www.transhumance-kurde.com
qui traite des pratiques pastorales dans le sud-est de la Turquie.
Michaël Thévenin cherche à faire connaître les pratiques pastorales kurdes qui sont très méconnues à la fois par le monde pastoral, et aussi par la jeunesse kurde de la diaspora. Il a été de nombreuses fois surpris de l'intérêt de cette jeunesse pour ces pratiques : c'était l'histoire de leurs parents ou de leur grands parents, histoire souvent cachée parce que liée à un traumatisme, qui leur était dévoilé. En fait, ces jeunes - la plupart adolescents - découvraient un pan entier de leur culture dont ils avaient besoin et envie d'être fier, un maillon qui leur manquait.
2 - Voici ensuite le site d'une habituée du Kurdistan : Brigitte Colette, dont la galerie de photos vous y transporte, comme si vous y étiez vous-même.
Née à Paris en 1950, Brigitte Colette prend goût au voyage dans les années 1970 quand elle rallie l’Inde par la route avec pour objectif ultime le camp de base de l’Everest. C’est bien plus tard qu’elle s’intéresse de près à l’Iran, où elle se rend chaque année depuis 1997, s’attachant à découvrir aussi bien les paysages que la culture, la musique, la poésie…
Elle participe activement au programme culturel « Lettres persanes » à Paris, et s’engage au sein de l’association Amitié franco-afghane (Afrane) pour la mise en place de bibliothèques dans le centre de l’Afghanistan.
https://picasaweb.google.com/104469314934218491914/KurdistanIranMai2013?authkey=Gv1sRgCNDj1Juw4euHIA&feat=email
3 - Voici enfin l'opinion géostratégique sur les Kurdes de Bernard Dorin, Ambassadeur de France et Conseiller d'Etat honoraire, qui a écrit sur les Kurdes le livre très complet : "Les Kurdes, destin héroïque, destin tragique" aux éditions Lignes de Repères
Ci-dessous, un extrait de la conférence donnée par Bernard Dorin au profit des œuvres humanitaires de CULTURE ET SOLIDARITÉ :
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Aujourd’hui les Kurdes sont quasiment indépendants dans une seule des quatre parties du Kurdistan. Pour obtenir la chute de Saddam Hussein, ils ont aidé les Américains à tenir le front nord de l’Irak. Seuls, ils ont fait capituler deux armées irakiennes, qui à vrai dire n’avaient plus le moral, et se sont emparés de leur armement. Ils occupent actuellement les trois provinces de Souleimanieh, d’Erbil et de Dohuk, c’est à peu près la moitié du Kurdistan d’Irak, car la région de Kerkouk avait été vidée de ses Kurdes par Saddam Hussein, et remplacés par des Arabes chiites. Il se pose donc maintenant le grand problème : est-ce que les Arabes vont repartir vers le sud ? Ils se sont installés maintenant. Est-ce que les Kurdes vont tolérer que les Arabes occupent leurs anciennes maisons, leurs anciens champs ?
Même s’ils ne le disent pas ouvertement, les Kurdes ont pour espoir ultime de former un État unique. Par son importance numérique et son identité, c’est le premier peuple au monde sans État. Il y a aujourd’hui plus de trente millions de Kurdes au Moyen Orient. En Turquie, beaucoup de Kurdes se sont réfugiés dans les grandes villes : Istamboul, Ankara, Izmir ... La diaspora rassemble cinq millions d’autres Kurdes. En Allemagne (près de deux millions), en Italie (deux cent mille) en Suède, en France, aux Etats-Unis ... Si la Turquie entrait dans l’Union Européenne, cela couperait la nation kurde en deux, et cela mettrait l’Europe en contact direct avec les pays les plus explosifs du monde : la Syrie, l’Irak, l’Iran, ...
En Syrie, les Kurdes continuent à être persécutés plus ou moins violemment. En Iran, la résistance des Kurdes a été pratiquement éliminée mais leur avenir dépend de celui de la république islamique. Il n’y a qu’en Irak où les Kurdes peuvent parler leur langue, avoir leur drapeau et leur gouvernement autonome.
Compte tenu du fait que les frontières des pays ne changent que difficilement - encore que l’URSS a explosé en 15 États et la Yougoslavie en 7 États -, les chancelleries des grandes puissances tiennent à la stabilité et il est peu pensable à échéance humaine que le Kurdistan devienne dans son ensemble un État souverain. Je crois que les dirigeants kurdes d’aujourd’hui en ont conscience, mais ce qu’ils veulent obtenir dans un avenir proche, c’est l’autonomie culturelle et - si possible - l’autonomie politique dans chacune des parties. C’est ce qu’ils ont en Irak, c’est ce qu’ils recherchent en Iran si le régime des Ayatollahs vient à tomber. Le plus difficile sera en Turquie, car les Turcs sont farouchement nationalistes, depuis Ataturc, le «père des Turcs».
Cependant, depuis le mois d’août de cette année (2009), une lueur d’espoir est apparue au Kurdistan de Turquie. Après avoir constamment fait la sourde oreille aux revendications kurdes, le gouvernement «islamiste modéré» de Monsieur Erdogan dit vouloir rechercher désormais une solution politique au problème kurde sans préciser si cette solution passe par un accord avec la rébellion du PKK. De son côté, de sa prison de l’île d’Imrali dans la mer de Marmara, Öcalan, le chef historique du PKK, a fait savoir que si le Kurdistan de Turquie obtenait l’autonomie culturelle et le droit à s’auto-administrer, la rébellion commencée le 18 août 1984, et qui a déjà fait une cinquantaine de milliers de morts et des millions de personnes déplacées, pourrait prendre fin.
Ce n’est là qu’un espoir ténu, mais la paix semble désormais être à l’avantage des deux parties en conflit, puisque le PKK ne peut obtenir l’indépendance à laquelle il aspire, alors que l’État turc ne parvient pas à écraser définitivement la rébellion. Alors pourrait reprendre tout son sens le beau dicton kurde : « Le fusil est mon ami, le poignard est mon frère, et la montagne est la citadelle de mon cœur»
4 - Enfin on apprendra, non sans surprise, que le Kurdistan d'Irak s'ouvre maintenant au tourisme, individuel ou de groupe, dans des conditions de sécurité et d'accueil tout à fait normales (cela a été écrit en 2009 !).
