INCERTITUDES OTTOMANES ET PERSANES



Ambassade auprès du Shah de Perse

Création le 2 avril 2019

Jean Étèvenaux a fait un article très intéressant dans la Revue du Souvenir Napoléonien de décembre 2012 sur les incertitudes ottomanes et persanes en 1812, face aux divergences européennes entre la France, la Russie et l’Angleterre.

Docteur en histoire et diplômé de l'Institut d'études politiques de Lyon, Jean Étèvenaux a effectué une carrière de journaliste, puis Administrateur du Souvenir napoléonien de 2003 à 2018.


Amateur de bandes dessinées, en relation avec Hergé jusqu'à son décès, ayant donné cours et conférences sur le sujet, il a rédigé des milliers de critiques d'albums dans la presse quotidienne régionale, tâche qu'il poursuit aujourd'hui dans la presse périodique. Philatéliste, il collectionne notamment les timbres de petits États indépendants …

*****************

Une fois parvenu au pouvoir, le Premier Consul peut être globalement perçu comme l’héritier de la politique de rapprochement illustrée par François Ier et les capitulations de 1536. L’adversaire de Charles Quint s’était posé en protecteur des Chrétiens d’Orient, tout en cherchant à obtenir pour la France une prépondérance commerciale.

Malgré les accrocs permanents constitués par la lutte contre les vaisseaux barbaresques dépendant théoriquement du Sultan, les relations étaient demeurées telles quelles entre le Royaume de France et l’Empire ottoman jusqu’à la révolution française. 



Mais il y a un imaginaire oriental chez Napoléon : « Il n’y a rien à faire en Europe depuis deux cents ans. Ce n’est qu’en Orient qu’on peut travailler en grand ». Lors de la campagne d’Italie, il disait déjà à Duroc : « Il y a deux trônes croulants que je veux soutenir : ceux de Constantinople et de Perse. »



Ou encore à propos de Saint jean d’Acre : « Sans Phélippeaux, j’étais maître de cette clef de l’Orient, je marchais sur Constantinople et je réédifiais le trône d’Orient. »

En août-septembre 1795, alors qu’il travaillait au Bureau topographique du Ministère de la Guerre, il avait refusé d’aller combattre en Vendée. Or il a acquis quelque réputation en particulier au siège de Toulon, et s’offre pour passer en Turquie avec une mission du gouvernement. Il mènera avec lui six ou sept officiers dont chacun aura une connaissance particulière des sciences relatives à l’art de la guerre. C’est ce que décrète le Comité de Salut public, mais finalement, « il refuse d’éloigner, dans ce moment surtout, de la République un officier aussi distingué ».

http://caucasekersco.blogspot.fr/search/label/a%2032%20-%20NAPOLEON%20ET%20LA%20PERSE
 
Mais Bonaparte est sensible à la tradition française qui garde toujours les yeux rivés vers l’Orient. La conquête de l’Égypte lui apparaît comme un moyen de contrer les visées britanniques en menaçant d’attaquer la route des Indes par la Perse.


Les empires ottoman et perses sont fragiles et ne sont pas prêts à s’allier avec la France ou avec la Russie, mais des contacts répétés permettent de céder à la France l’île de Kharg, le verrou du golf arabo-persique. Napoléon empereur n’en fait pas cas, dommage car dès 1956, la France aurait pu faire partie de l’OPEP !

http://caucasekersco.blogspot.fr/search/label/a%2014%20-%20ALEXANDRE%20LE%20GRAND

Et pourtant … À Sainte-Hélène, il confiera au sujet des Russes et des Turcs : « Ils m’ont échappé l’un et l’autre au moment décisif : l’or des Anglais a été plus décisif que mes combinaisons ». Mais Napoléon n’aura pas été Alexandre le Grand !


Youssouf Pacha