CLEOPATRE

Création le 12 août 2018
Modification 1 le 16 août 2018 : l'incendie de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie

Stéphane Bern, dans sa série « Secrets d’Histoire » à la télévision française, a fait un coup d’éclat dans son émission sur « Cléopâtre ou la beauté fatale ». Pour cela il s’est entouré de pas moins de vingt commentateurs de haut niveau : écrivains et écrivaines, historiens, archéologues, égyptologues,  directeur de la Grande Bibliothèque d’Alexandrie, membre de l’Académie Goncourt, directeur du Musée des Antiquités d’Alexandrie, représentant du Musée de la monnaie de Paris, et même parfumeur … et un nombre considérable d’acteurs. Tout cela en près de deux heures de spectacle pour célébrer la dernière « pharaon » d’Égypte, la plus grande politicienne de l’Histoire.

Stéphane Bern est d'origine polonaise. Né en 1963, il est un journaliste, animateur de radio, présentateur de télévision et écrivain français. ses émissions consacrées à l'histoire et au patrimoine français ont contribué à partir des années 2000 à en faire une figure emblématique du paysage audiovisuel français.


En septembre 2017, il a été chargé par le Président de la République Emmanuel Macron d'une mission de six mois, pour établir une liste des monuments et des bâtiments en péril et identifier les trésors méconnus du patrimoine français. L'animateur déclare faire cette mission bénévolement. Sa nomination a suscité des critiques de la part de certains "historiens". En particulier il a fait le bon choix de faire restaurer le château de Trévarez (Finistère - Bretagne - France). Tout ce que les "historiens" ignorent sur le château de Trévarez, nous le savons. Un tout petit exemple :

http://empirkersco.blogspot.fr/search/label/a%2048%20-%20LES%20JAPONAIS%20EN%20BRETAGNE

Nous pourrons, nous aussi, l'aider bénévolement, et nous lui souhaitons bon vent. Quand une chose doit être faite, elle mérite et exige d'être bien faite (La Rochefoucauld).

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Le fondateur de la dynastie des Ptolémée est Alexandre le Grand. l’Égypte est alors un pays où la royauté féminine est possible. Sa capitale Alexandrie est aussi un port d’escale très important. Elle possède une Grande Bibliothèque qui recueille tous les manuscrits du monde méditerranéens pour les copier ; elle copie donc tous les livres de bord des bateaux qui y font escale, y compris les bateaux phéniciens (mais l'émission télévisée est muette sur les circonstances de l'incendie qui a détruit la Grande Bibliothèque : volontaire ou involontaire ? Auteurs égyptiens ou romains ?). Nous avons lu ceci sur internet :

En l’an 47 avant notre ère, Jules César aurait incendié la bibliothèque en attaquant la cité d’Alexandrie et détruit de nombreux manuscrits. Mais un autre récit s’oppose à celui-ci et explique qu’il aurait en réalité brûlé plus de 40 000 copies manuscrites prêtes à être envoyées à travers le monde et stockées dans des ateliers qui n’avaient rien à voir avec la bibliothèque en elle-même.

L’historien Heather Phillips explique dans un essai concernant la Bibliothèque d’Alexandrie que sa destruction a été progressive : « En réalité, ce sont les hauts et bas financiers de la ville d’Alexandrie qui ont provoqué sa perdition. Une grande partie de sa chute a été progressive donc, souvent causée par des aspects bureaucratiques et aussi un petit peu à cause des évolutions culturelles qui ont eu lieu au fil du temps.

Ce sont les chercheurs qui ont fait de la bibliothèque et de sa chambre ce qu’elle était, alors quand les responsables ont arrêté de verser de l’argent et interdit aux chercheurs étrangers d’accéder à la bibliothèque, cela a effectivement entravé toutes ses activités jusqu’à sa fermeture. Ces livres et ces manuscrits n’étaient rien sans tous ces chercheurs qui les entretenaient, les traduisaient et partageaient les connaissances qu’ils y trouvaient.

La destruction ultime de la bibliothèque d’Alexandrie a eu lieu en 639 quand les troupes arabes du calife Omar ont assiégé Alexandrie. L’historien Luciano Canfora a écrit l’ouvrage le plus complet concernant la Grande Bibliothèque d’Alexandrie basé sur des sources matérielles, c’est-à-dire des témoignages écrits par des personnes qui ont connu et travaillé à  la bibliothèque.

Canfora écrit dans son livre : « Obéissant aux ordres du calife, l’armée a distribué les livres aux bains publics d’Alexandrie pour les brûler dans les poêles et garder la température de l’eau chaude et confortable. […] Seuls les livres d’Aristote ont été épargnés.

Cléopâtre, descendante par les hommes d'un général grec d'Alexandre le Grand, est une jeune fille de haute éducation qui parle 5 langues, y compris l'égyptien, et a certainement fréquenté cette Bibliothèque. Elle a 12 ans, quand elle assiste au soulèvement populaire contre l’annexion de Chypre par les Romains, annexion faite avec l’assentiment de son père, le Pharaon Ptolémée XII. Celui-ci demande l’appui de Rome pour mater cette révolte. Pendant cette période troublée, elle se réfugie en Palestine.

César arrive en Égypte avec 3 200 homme pour mettre fin à la guerre civile et - pourquoi pas - conquérir l’Égypte par la même occasion. Cléopâtre doit jouer le tout pour le tout. Elle débarque à Alexandrie dans un bateau de pêche et fait annoncer à César qu’elle lui apporte un cadeau. Le cadeau, c’est elle-même, enfermée dans un sac, qui est présenté à César. Celui-ci est séduit par le procédé et par le cadeau. C’est que Cléopâtre a besoin de César pour combattre son frère qui est devenu roi sous le nom de Ptolémée XIII.

22 000 combattants égyptiens font le siège d’Alexandrie. Mais César a prévu le coup et fait intervenir plusieurs légions par voie terrestre, et devient maître de la situation. Mais il a besoin de l’immense fortune de Cléopâtre pour financer ses conquêtes, alors que Cléopâtre a besoin du soutien de César pour affermir son trône. La république romaine est satisfaite de sa nouvelle alliée et rend Chypre à l’Égypte.

Cléopâtre a mis 3 mois pour devenir reine et être enceinte de César. Ce n’est qu’un début. César rentre à Rome pour fêter sa victoire sur les insurgés égyptien par un « Triomphe », un défilé militaire où le peuple romain peut admirer les trésors et les  prisonniers. Ce triomphe durera quatre jours. Et Cléopâtre y assiste aux côtés de César. L’aristocratie romaine découvre ainsi cette reine étrangère qui la séduit à la même vitesse qu’elle a séduit César. Elle tient sa cour dans une grande propriété au mont Janicule, où elle peut loger sa nombreuse suite.

Alexandrie était connue comme la capitale du raffinement. Cléopâtre devient la « coqueluche » du Tout Rome. On imite tout : son style, son langage, son parfum, l’art culinaire égyptien. Pompéi fait venir des artisans égyptiens qui tapissent les murs des résidences de luxe par des mosaïques d’une extrême finesse ; ces mosaïques sont composées par des fragments minuscules de pierres de couleur, un peu comme les pixels d’un document informatique.  César veut que Rome devienne la capitale des Méditerranéens et y fait construire un nouveau Forum qui comporte une colonne au sommet de laquelle se trouve une statue qui ressemble beaucoup à Cléopâtre. Beaucoup trop pensent les Romains qui n’aiment pas qu’une femme prenne une telle place dans la vie publique de leur République. Elle est surnommée « Bouche d’Or ».

Et l’ambition de César de grandir mais aussi de le fragiliser. Le pouvoir républicain se concentre de plus en plus entre ses mains, ses nouvelles lois sont jugées dictatoriales, et ce qui devait arriver arrive : une conjuration se forme pour le chasser du pouvoir. Un jour sa femme a un songe : il va au Sénat, ce qui lui cause sa perte. C’est bien ce qui arrivera. César est poignardé par les conjurés. Même Brutus, son fils adoptif, participe au massacre. César n’a qu’un mot : « Tu quoique mi filii !» (Toi aussi mon fils !). La République est rétablie, mais c’est plutôt le chaos qui est établi.

Cléopâtre n’a plus qu’à retourner à Alexandrie, et pendant 3 ans gouverne l’Égypte d’une main de fer, mais pour le peuple. Il faut aussi qu’elle se débarrasse de son jeune frère Ptolémée XIV qui a pris le pouvoir pendant son séjour à Rome. En stratège hors pair, elle sait qu’il faut qu’elle se présente au peuple égyptien, très croyant, comme la représentante des dieux. À Philae se trouve un temple en l’honneur d’Isis, la déesse qui donne la vie. En gouvernant avec le clergé égyptien, elle prend l’apparence d’Isis, et met de son côté toutes les femmes qui viennent implorer Isis pour avoir un enfant. Et par piété, ces femmes affluent  à Philae, y apportent des ex-votos et s’en retournent après avoir gratté avec leurs doigts les colonnes du temple pour rapporter chez elles la poudre sanctifiée.

En l’an - 41, une période de sécheresse frappe l’Afrique : les crues du Nil ne sont plus aussi fécondes, et la population urbaine commence à souffrir de la faim. Cléopâtre prend des mesures énergique, fait converger les récoltes vers des greniers urbains, et est respectée pour son efficacité. Par ailleurs, elle fait frapper monnaie. Mais au lieu de ces pièces sans valeur faciale qui avaient cours jusqu’alors, elle y fait figurer le nombre « pi » dont la valeur est 80, donc ces nouvelles pièces vaudront 80 dragmes, et non n’importe quoi à la tête du client. Cela permet le contrôle et la stabilisation des prix. Cléopâtre est surnommée « philopatrice », qui aime sa patrie.

Au plan international, il convient de rester neutre en attendant de savoir qui sera vainqueur à Rome. Elle pense aussi à l’avenir de son fils Césarion, que César n’avait pas voulu reconnaître, parce qu’il n’était pas romain à cent pour cent. Au temple de Denderah, elle fait graver des bas-reliefs la montrant avec Césarion. (Attention : les bas-reliefs ne sont pas en bas, ni les hauts-reliefs en haut : leur sculpture se détache à peine du mur contrairement aux hauts-reliefs).

Mais les choses se stabilisent à Rome : deux hommes se partagent maintenant le pouvoir : Marc-Antoine et Octave. Marc-Antoine fait une expédition de conquête de l’Orient, et Octave gouverne à Rome. Cléopâtre sent que le temps est revenu d’agir.

 Marc-Antoine a un gros défaut : sous prétexte d'être épicurien, c'est un fêtard invétéré. Les festins, l'alcool et les femmes n'ont pas de secret pour lui. Cléopâtre doit penser que c'est un atout pour elle ... Quoiqu'il en soit, elle décide de faire son coup de charme. Elle va le rejoindre au sud de la Turquie dans un bateau somptueux, avec un équipage de femmes en petite tenue. Il y a bien entendu festin à bord et la nuit des milliers de lampes à huile éclairent la scène comme en plein jour.

Marc-Antoine est subjugué et la suit à Alexandrie. Il en oublie ses conquêtes et commence une suite de débauches innombrables. Par exemple, ils organisent un concours du festin le plus coûteux. Celui de Marc-Antoine est interminable. Puis vient celui de Cléopâtre, moins fastueux. Mais elle prend une perle d'une valeur inestimable, la plonge dans du vinaigre et boit la coupe : elle a gagné. Tout cela sur fond de musique dont on a retrouvé les partitions sur des papyrus.

Pendant ce temps, Octave est prêt à tout pour régner seul et profite de la situation dans laquelle se trouve Marc-Antoine pour ruiner l'image de marque de Cléopâtre en la traitant de sorcière ... Mar-Antoine revient à Rome, où il se marie à Octavie, sœur d'Octave, non sans avoir fait préalablement à Cléopâtre deux jumeaux. surnommés "Le soleil" et "La lune".

Trois ans plus tard, Marc-Antoine répudie Octavie et revient à Alexandrie. C'est le début de l'engrenage fatal. Les deux amants ne s'en rendent même pas compte ! Peut-être sont-ils "bourrés" tous les deux lorsque Marc-Antoine décide d'organiser un Triomphe dans les rues d'Alexandrie et redistribue les territoires qu'il a conquis au profit de Cléopâtre, "Reine des Rois". 

Ce sacrilège, c'en est trop pour Octave, pour qui Marc-Antoine a vendu Rome à une étrangère. C'est la guerre. Elle commence par une bataille navale dans une baie près d'Actium. La flotte romano-égyptienne est encerclée par la flotte romaine.

Toile de Lorenzo A. Castro - 1672

 Cléopâtre tente et réussit une percée avec sa flotte et Marc-Antoine la suit, en abandonnant sa flotte qui est détruite aux trois-quarts. Il a donc trahi ses soldats qui l'abandonnent.

Puis Octave fait le siège d'Alexandrie. Rien ne lui résiste. Les deux amants sont perdus. Cléopâtre tente de négocier sa vie et ses trésors en incitant Marc-Antoine à se suicider. Octave refuse toute négociation, même s'il a besoin de liquidités pour payer ses troupes. Cléopâtre essaie de l'apitoyer, en vain. C'est la fin. Cléopâtre va organiser son suicide, car elle ne veut pas faire partie des captifs du prochain  Triomphe d'Octave à Rome. Elle demande seulement d'être enterrée auprès de Marc-Antoine.

Ainsi finit une femme fatale, aux deux sens du terme, car elle aura été fatale à l'Égypte pharaonique.

Aspic ou poison ? Ou les deux ?

C'est Shakespeare qui ressucite Cléopâtre et qui suscite quelques siècles plus tard un film à grand spectacle avec Richard Burton et Élisabeth Taylor. Cela devient de la Cléopâtromaine, ou de la Tayloromanie, au choix. 

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Maintenant, si vous voulez connaître le destin d'une autre Égyptienne, certes moins célèbre - et musulmane - qui a été "sultan" d'Égypte et a reçu en son palais Saint Louis et Saint François d'Assise :

http://caucasekersco.blogspot.fr/search/label/a%2041%20-%20SULTANE%20CHAGARAT%20AL-DURR
 
À quand la troisième Égyptienne célèbre ?