HALTE À SAMARCANDE





Création le 25 juin 2018

Bernard Ollivier est un journaliste et écrivain français, né en 1938 dans la Manche, connu notamment pour ses récits de voyage, et fondateur d'une association de réinsertion des jeunes par la marche (SEUIL).

Il mène une carrière de journaliste politique et économique. Après la retraite, il décide à la fois de se consacrer à l'écriture et de marcher jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, puis entreprend une longue marche de 12 000 kilomètres d'Istanbul à Xi'an sur la route de la soie.


Pour mieux le connaître, vous pourrez utiliser les liens suivants :



https://www.youtube.com/watch?v=jja8vsq8xKM




https://www.youtube.com/watch?v=IgafyAz4JzQ

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Le livre raconte les péripéties d'un marcheur solitaire, de Turquie en Ouzbékistan - dans un premier temps - soit 2 000 kilomètres.

Et pour commencer, suivez le guide !

fabrication du papier de murier
https://youtu.be/Aw8Uww4ksuw

Entrée du marché
Les sucreries
la tourterelle ... aussi
Qui veut des fraises bio ?

En route. Première étape : 

DOHOUBAYESIT

14 Mai 2000 - Le chauffeur du bus n'en revient pas.
- Tu veux descendre ici ? C'est la steppe, il n'y a rien. Nous serons dans un quart d'heure à Dohoubayesit ...
- Non, je veux m'arrêter maintenant. Je veux marcher.

Le chauffeur a rencontré un étranger fada, qui en plus sera détrempé par une tempête de grêle qui le mouille jusqu'aux pieds, et blanchit la toison des moutons noirs. Il doit aussi subir les attaques des chiens sauvages, la fatigue des étapes où il faut trouver un gite. Cela commence mal, et on est loin des aventures de "Tintin sur la route de la soie".

Il arrive à la douane turque où il a de la chance, car il ne met que trois heures de queue pour parvenir au guichet. Le malheureux douanier s'excuse car il doit vérifier 600 passeports par jour ...

Deuxième étape : 

TABRIZ
Tabriz - crédit : Hamed Saber
Depuis la révolution, les tenues vestimentaires iraniennes ne doivent pas heurter les susceptibilités officielles : pantalon aux multiples poches et large chemise blanche pour lui ; et pour les femmes, le tchador hermétique, mieux que le foulard qui doit absolument cacher les cheveux.

Il en profite pour visiter un petit village d'Arméniens. Comment se dirige-t-il ? Concession au modernisme : il a emporté avec lui un GPS (Global Position Satellite). Il fait des rencontres : un homme très important qui lui donne sa carte de visite, un docteur qui lui donne un sac de bonbons ; il se fait très facilement des amis curieux. Par exemple Razul ; comme celui-ci lisse sans arrêt sa splendide moustache, Ollivier lui demande pourquoi les Iraniens en portent tous une.
- Parce que seules les  femmes n'en portent pas.
Imparable !

La population iranienne est très sympathique, à commencer par les chauffeurs de camions. Passage par un village de lépreux géré par la congrégation des Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul, dévouées et optimistes dans ce monde d'exclus et ce coin oublié.

Le bazar de Tabriz est l'un des plus grands d'Iran. On y vend de tout, même des autruches. Mais c'est le jour où tous pleurent la mort d'Hussain, assassiné en 680 avec une partie de sa famille. C'est le chiisme.

Ollivier se rend dans une poste avec son nouvel ami Khalil, qui se faufile en tête de la longue queue. Un quidam râle, mais ce n'est pas contre les resquilleurs, mais contre le gouvernement qui a chassé les touristes, alors qu'autrefois ils étaient si nombreux !

Puis notre marcheur veut voir un caravansérail. D'abord bougon, le gardien est émerveillé du nombre de kilomètres déjà parcourus à pied (350). Au début, les caravansérails servaient de relai de poste, puis, au fur et à mesure du développement des caravanes, ils ont fourni l'intendance aux caravaniers.

Le modernisme du trafic routier a contruit un tunnel sans fin, un enfer de gaz brûlé pour un marcheur, qui s'en sort à grand peine. Puis deux centenaires en voiture l'accueillent dans leur famille. Malaka, la parfaite maîtresse de maison, prépare le petit déjeuner. Au départ, Ollivier lui tend la main. Elle panique, jette un regard éperdu à son mari, qui lui permet avec un bon sourire : ce sera la première poignée de main de sa vie.


QUAZVIN
 
QUAZVIN
Quazvin marque la limite des langues entre les Kurdes ou les Azeri au nord et les Iraniens au sud. La ville fut préférée à Tabriz, car elle était plus facile à défendre. Puis elle fut elle-même abandonnée au profit d'Esphahan.

Attention : pour aborder le redoutable désert du Dasht e kavir, il faut à Ollivier 3 chameaux, leur caravanier, et un guide. En attendant, visite du musée, une ancienne demeure princière, puis la Masdjed e al Nobi (la mosquée du Prophète) : une plaque gravée au XVème siècle dans un coin de la cour donne le prix des œufs, du lait, des fruits, prix qui sont restés inchangés pendant trois siècle ...

Qazvin se situe près des châteaux du "Vieux de la Montagne". Au XIème siècle, Hasan Sabah y entretenait une armée de tueurs à gages. On y vivait avec art, dégustant les mets les plus fins, servis par des jeunes filles en fleur. Haschisch à volonté ! Cela a été raconté par Marco Polo, puis par les Croisés, et a donné naissance au mot "assassin". Houlagou, petit-fils de Gengis Khan, mit le siège aux châteaux et passa au fil de l'épée tous leurs habitants. Mais le mot a fait florès.

Ollivier observe la cuisson des galettes dans un four : la pâte, sous forme de galette est collée via l'orifice supérieur sur la paroi du four et cuit en une minute. Sur le sol iranien, il se sent bien. Ce pays est peuplé de gens dont la gentillesse, le sens de l'hospitalité et la xénophilie sont sans équivalents ... À quelques exceptions près. Par exemple un "policier" qui, sous prétexte de chercher de la drogue dans son sac lui vole son appareil photo. Il faudra qu'il demande à ses enfants de lui en envoyer un autre de Paris.

TÉHÉRAN

Téhéran - crédit : Arata Kuzuhara
Le marcheur a trois urgences : obtenir un visa pour le Turkménistan, acheter un "mulet" pour traverser le désert et récupérer un nouvel appareil de photos moderne.

Visa : l'ambassade du Turkménistan à Paris n'accorde que des visas de trois jours, alors qu'il en faut dix fois plus pour traverser le pays à pied. Cela devait se régler à Téhéran. Oui, mais ... cela se règle par le mépris, ou alors il y a un truc. Va pour le truc.

En ce qui concerne les chameaux, pas question, en été, ce désert, c'est l'enfer. Olivier se confectionne un petit chariot avec un vieux vélo et quelques cornières, qu'il baptise EVNI. Quant à l'appareil photo, il est bloqué en douane. Truc : 300 dollars. Après discussion à la douane, le truc est ramené à 70 dollars. Alors Ollivier et son ami iranien vont voir le "chef du chef". Résultat : 3 euros. Mais il faut signer des papiers, beaucoup de papiers, et puis on s'aperçoit que ces papiers ne correspondent pas au bon colis.

ARAN

ARAN - crédit Mahdi Kalhor
C'est le baptême du feu solaire : la température dépasse 50 °. Ollivier bavarde avec des creuseurs de ghanats. Chaque jour, à plat ventre dans un tunnel, ils percent en moyenne deux mètres de galerie. Tous les trois cent mètres, ils forent un puits qui sert à la fois à l'aération du ghanat et à l'évacuation de la terre. De quatre à quarante kilomètres, les ghanats vont chercher l'eau au pied des montagnes. Ollivier décide de faire la traversée du désert dans la voiture de son ami Akbar.


Un mollah, rencontré au hasard d'une piste, tente en vain de lui faire répéter des formules cabalistiques pour le convertir à l'Islam ... Le Dasht e Kavir est finalement franchi en voiture à 140 km/h, dans des mini tornades de sable.

SEMNAN - kilomètre 934


Citadelle de Semnan
Ollivier teste  son chariot à roulette qui transporte sa charge et surtout son eau. Il meurt constamment de soif et met sa gourde en bandoulière avec un tuyau servant de "paille" pour boire en quasi permanence, tout en marchant à 6 km/h.

Il se fait interpeller par les passants au sujet de Zinedine Zidane pendant la finale de la coupe de football de l'Euro, et des jeunes qui travaillent dans un chantier renforcent les armatures de son  EVNI.

SHAROUD

SHAROUD
Ollivier est très bien accueilli par la famille propriétaire d'un atelier de céramique d'art. Il apprend que la couleur turquoise est obtenue à partir du shoné, une plante qui pousse aux limites du désert. Il quitte à regret ces personnes sympathiques. Il boit maintenant plus de 10 litres d'eau par jour ... Mais bientôt, sur plus de deux cents kilomètres, il va affronter la fournaise ... et le pneu droit d'EVNI est en train de fondre. Plus rien à manger, le monde s'écroule :
- Je m'assieds sur une pierre, le menton calé sur un poing, et je m'abîme dans une torpeur mélancolique dont rien ne saurait plus me distraire.

Un cri : Bernard ! 

Ce sont ses ami iraniens qui l'ont rattrapé en voiture, et il faut faire 100 kilomètre pour trouver un pneu ! Il retourne en car vers son EVNI. Il est le centre de toutes les conversations des
passagers. Il fait la réparation et repart. Las ! c'est maintenant la roue qui a un problème. Que faire dans un désert qui grouille de serpents et de scorpions ? Il faut continuer jusqu'au caravansérail sans l'EVNI qui est "nase". L'hospitalité iranienne n'est pas un vain mot, surtout si elle est doublée de curiosité.

Puis dans la ville suivante, il rencontre un homme qui lui dit être de la police, la "Savak", survivance d'une époque difficile. À Sabzevar, il y a eu un caravansérail de 1 700 chambre. Trop tard, Gengis Khan l'a rasé, comme d'autres.

Il veut poster ses lettres, mais les reprend, plutôt méfiant. Avant de quitter l'hôtel, un homme lui demande son passeport. C'est le postier, qui est un policier en civil, et qui l'entraîne au commissariat. Le commissaire donne raison à Ollivier et tout le monde applaudit !

Ville suivante : c'est la bagarre pour l'inviter à manger et à dormir. Dans deux jours, il sera à Nichapur, où se trouvent les mines de turquoises.

NICHAPUR


Nichapur - crédit : Mbenoist
Un roumi dans un village isolé des grands axes est un événement qui va alimenter les discussions du mois. La jeunesse débarque à vélo. Elle est si comblée par cette visite que leur accueil dope le marcheur solitaire (qui ne l'est plus). Pour le prix d'une petite chambre, l'hôtelier lui propose une grande ... parce que tu es français (faranzi).

Nichapur a été rasée plusieurs fois. À chaque fois, elle a ressucité. Son grand homme est Omar Khayyam.

 Des chercheurs pensent généralement qu’Omar Khayyam est né dans une famille d'artisans de Nichapur (le nom de Khayyam suggère que son père était fabricant de tentes). Il a passé son enfance dans la ville de Balhi, où il étudie sous la direction du cheik Mohammad Mansuri, un des savants les plus célèbres de son temps. Dans sa jeunesse, Omar Khayyām étudie aussi sous la direction de l'imam Mowaffak de Nishapur, considéré comme le meilleur professeur du Khorassan

Omar Khayyam
 En 1074, il est invité par le sultan seldjoukide Mālikshāh Jalāl al-Dīn à Ispahan pour entreprendre la réforme du calendrier solaire à laquelle il consacrera cinq années, et organiser des observations astronomiques.

Pour les amoureux du poète qui veulent rester près de sa tombe pendant plusieurs jours, de grandes tentes sont installées dans le parc près du mausolée.

Le marché de Nissapur est très achalandé. Autre curiosité : le zurkhâné.

zurkhâné à Téhéran - 1973

L'épreuve des masses : des quilles de bois qui peuvent peser jusqu'à 25 kgs et que les athlètes font rouler d'une épaule à l'autre.

Il poursuit sa route vers Mash'had, sa réputation est faite par une bande de jeunes qui vont en pélerinage à cette ville sainte. Leur profonde gentillesse est réconfortante, une autre face de l'Islam.

MASH'HAD


Mash'had - crédit : Abbas Jan
Le mausolée de l'Imam Reza peut accueillir cent mille fidèles pour la prière. L'espace, la passion religieuse et les lieux sont démesurés. Ollivier est envouté par le spectacle que bien peu "d'infidèles" sont admis à contempler. Il prend une semaine de repos au kilomètre 1 625, pendant laquelle il perd une nouvelle fois son appareil photo. Heureusement les boutiques sont là !

Suivent quelques considération sur les Iraniens et les Iraniennes. Celles-ci, dans leur majorité, ne souhaitent qu'une chose : ranger leur tchador au placard. Elles sont de plus en plus nombreuses à travailler dans les entreprises, et, dans les universités, tiennent la dragée haute aux garçons.

Plus que 1 000 kilomètres, et c'est Samarcande. La frontière turkmène est gardée par des Russes, enchantés de l'aventure d'Ollivier. Mais une autre aventure l'attend : la traversée du Turkménistan, les barrages routiers sont innombrables, les flics imbattables dans l'art d'inventer des contraventions. Le thermomètre va jusqu'à 50°. Il se restaure enfin auprès d'un canal qui véhicule de l'eau détournée du fleuve Amou Darya, pour la culture du coton, encore du coton, toujours du coton, ce qui aura pour effet de dessécher la mer d'Aral.

Très bon souvenir des Turkmènes qui l'ont considéré comme un ami de toujours.

MERV


Merv
Merv fut la rivale de Bagdad. Des historiens prétendent que c'est dans ses murs que furent contés pour la première fois les "Mille et une nuits" de Shéhérazade. La bibliothèque comportait 120 000 volumes ... Et puis vint Gengis Khan : en 1218, il envoie une ambassade réclamer un lourd tribut et quelques vierges pour ses généraux. La municipalité coupe la tête des plénipotentiaires. En réponse Gengis Khan fait décapiter toute la population.

Il faut maintenant traverser le désert de Karakoum : sur 200 km, pas la moindre oasis, le goudron est en ébullition, les serpents et les lézards sont géants, les puits d'eau sont salés (les chameaux des caravanes se contentaient d'eau salée !).

Petit problème à la sortie du Turkménistan. Le douanier refuse l'exportation du tapis qu'on a offert à Ollivier, parce que c'est un objet "fait main", donc réglementé. En attendant de pouvoir entrer en Ouzbékistan, il se délecte d'un raisin exceptionnel.

Ce n'est pas la fleur de coton qu'on arrache, mais le fruit et les fibres qui l'entourent à qui elle donne naissance. Le fruit a la taille d'une petite noisette qui devient gros comme une balle de ping-pong. Cette bogue dure éclate alors en forme d'une étoile à cinq branches, et le coton qu'elle contient gonfle et s'épanouit en une boule virginale. Le gaz est une autre richesse du Turkménistan.

Au tour de la douane ouzbèke : il arrive deux jours avant la validité du visa. Les douaniers hésitent. Pour emporter le morceau, Ollivier ajoute qu'il doit rencontrer une fille avant que celle-ci ne parte pour la France. L'un des douaniers lui confie :
- Un type qui a fait deux mille kilomètres pour aller à un rendez-vous, on ne peut pas le laisser tomber !

À nous deux Samarkande !

BOUKHARA



Un flic, sous prétexte de demander son passeport, veut fouiller dans les bagages d'Ollivier. Celui-ci le prend de haut, approuvé par une foule grandissante. Du coup, il est invité à un mariage, et il raconte comment cela se passe.

Boukhara, l'une des plus vieilles cités du monde, comptant 350 mosquées et une centaine d'écoles coranique, étape essentielle sir la route de la soie, qui fut naturellement rasée par Gengis Khan !

Ollivier rencontre un groupe de jeunes gens qui font un concours pour citer les Français dont ils connaissent le nom. Boukhara est un peu un attrape-touristes, mais notre marcheur a l'art de se fondre dans la population et de s'y faire apprécier.

SAMARKANDE


Place du Régistan avant une petite pluie

Nouvelle comédie des demandes de passeports. Finalement, cela se termine par des rigolades. C'est enfin Samarcande, sur la route des religions, des invasions, et même de la soie.

Par le biais de l'Association française "Timourides" : 

https://www.culture-timouride.com/partenaires-en-france/association-la-timuride/

tous ses problèmes immédiats se résolvent. C'est le temps d'un repos bien mérité, avant de revenir en France après une telle "trotte".

Mais, au fait, vous connaissez l'Ouzbékistan !

 

http://caucasekersco.blogspot.fr/2018/05/grandeur-de-louzbekistan.html
 


Tout ce qui vous manque, c'est la recette complète du "plof" ! La voici :

https://www.196flavors.com/fr/ouzbekistan-plov/

Et en route pour de nouvelles aventures.